Fauvette et son petit, la baie de Somme devient un nouveau site de reproduction pour les phoques gris en France après la Bretagne (©Laurence Renaudin / Picardie nature)
Bel événement en baie de Somme ces jours-ci, l’association Picardie Nature, présidée par Patrick Thiery, en charge notamment du suivi de la colonie de phoques gris et veaux marins a révélé la naissance de deux blanchons ces dernières semaines.
Afin de protéger ces deux jeunes phoques gris d’une affluence de curieux qui s’avérerait néfaste à la survie même de ces petits, l’association a gardé l’information secrète jusqu’à hier.
De très rares naissances
Désormais les deux jeunes, nés à quelques jours d’intervalle sont totalement sevrés pour l’un, le deuxième devrait l’être ces jours-ci : « Le premier a déjà pris le large et se débrouille tout seul, le second c’est encore un peu tôt, mais c’est en bonne voie pour les jours qui viennent » explique Patrick Thiery.
« C’est très important de respecter la quiétude des colonies de phoques, et plus spécialement lorsqu’il y a des petits » insiste encore le président de Picardie Nature, « des naissances parmi les veaux marins ont été à nouveau observées en baie de Somme depuis 1992, mais chez les phoque gris c’est beaucoup plus rare, surtout avec des sevrages arrivés à terme ».
« Les trois semaines qui suivent la naissance sont déterminantes. Et s’il y a des allées et venues à proximité des petits, les mères le sentent et ne reviennent pas à eux« .
Ainsi cette ligne supplémentaire dans le carnet rose de la faune sauvage en baie de Somme était placée sous le sceau du secret le plus total…
Selon les informations de Picardie Nature, les deux femelles qui ont mis bas en baie de Somme sont régulièrement observées par les scientifiques et bénévoles locaux, dont l’association berckoise ADN (Association Découverte Nature) « ce sont nos homologues pour la baie d’Authie » explique Patrick Thiery.
« La baie d’Authie est plus petite que la baie de Somme, l’observation des phoques qui sont de grands voyageurs et qui bougent beaucoup y est plus facile qu’en baie de Somme aussi les bénévoles d’ADN ont fait des clichés qui nous permettent d’identifier les deux mères grâce aux tâches de leur pelage« .
« Fauvette » est une jeune femelle née en 2014, et qui vient d’avoir à son premier petit, tandis que sa propre mère Vanesse a donné naissance au second blanchon nés en baie de Somme ces dernières semaines.
« La baie de Somme recèle de pas mal d’endroits de quiétude, surtout du côté de la réserve naturelle » note encore le président de Picardie Nature, « d’ailleurs, il s’agit vraiment de mentionner un travail en étroite collaboration avec les gardes de la réserve naturelle de baie de Somme qui nous ont beaucoup aidés pour préserver le secret et participer à la surveillance des deux petits ».
Deux petits blanchons sont nés en baie de Somme (©Laurence Renaudin / Picardie nature)
La baie de Somme est bien partie pour devenir un site de reproduction comme la Bretagne
Selon Picardie Nature, la baie de Somme est devenue le second site de reproduction de phoques gris en France, après la Bretagne : « un site de reproduction ne signifie pas uniquement un endroit où naissent les animaux. Il s’agit d’un endroit de reproduction, de gestation, de naissance et de sevrage… bref, il faut pouvoir y compter des animaux viables et dont le sevrage arrive à terme, et ce de manière stable sur plusieurs années« .
Un bébé phoque est en danger dès lors qu’il y a trop d’agitation autour de lui
Et ce sevrage chez les phoques est très court et souvent déroutant : « il peut arriver que des promeneurs tombent nez à nez avec un blanchon qui semble abandonné, loin de tout et dont la vie peut sembler menacée, mais ce n’est souvent pas le cas. Les mères partent et reviennent en laissant les petits seuls, en revanche si elles observent ou sentent des humains à proximité elles vont fuir et dès lors le petit est en danger« .
« Un bébé phoque, tel que le blanchon est assurément en danger dès lors qu’il y a trop d’agitation autour de lui ».
On l’aura compris l’élément indispensable demeure la tranquillité du site, aussi comme elle le fait depuis de nombreuses années dès les beaux jours, pour veiller sur les colonies de mammifères et la naissance des petits veaux marins, l’association Picardie Nature envisage désormais des surveillances en hiver.
Une idée qui devrait être mise en place dès l’hiver 2019/2020.
Mettre en place une surveillance en hiver comme en été
« Nous allons avoir besoin de soutiens de tous ordres, et aussi des acteurs locaux tels que les guides nature qui nous proposent déjà des coups de main bienvenus pour veiller sur les phoques en basse période touristique lorsqu’ils sont un peu plus libres » explique Patrick Thiery, « en attendant on tourne avec des bonnes volontés, des bénévoles comme cette touriste qui nous a beaucoup aidés durant ses vacances lors de la naissance des blanchons. La mission c’est d’assurer la tranquillité des phoques et spécialement des petits et d’expliquer au public« .
Rappelons que depuis trois ans les aides du Département et de la Région ont été supprimées, et que le centre de soin dédiée aux phoques a dû être fermé. Le président de l’association compte pour sa part se rapprocher du ministère de la transition écologique et solidaire (Environnement) pour tenter de trouver un soutien de poids.
La colonie de phoques gris en baie de Somme compte en moyenne 120 animaux tout au long de l’année avec des pics en été, comme le 9 juillet dernier à 269 phoques. Pour les veaux marins, présents depuis plus longtemps, le maximum observé en 2018 était aussi le 9 juillet 2017 avec 621 animaux, en moyenne ils sont 400 à 450 à l’année.
En attendant, les emblématiques phoques de baie de Somme n’ont pas fini de captiver le public…