Ce n’était qu’un match amical, contre une équipe de Régional 2 qui plus est, mais la première apparition de Jessie Rotsen sous le maillot de l’ASPTT Caen n’a laissé personne de marbre. Le Parisien a fait ses grands débuts chez les Postiers mardi 8 janvier. Une semaine après avoir rejoint sa nouvelle équipe, il a démontré toute son explosivité et sa finesse technique dans un couloir droit fréquemment arpenté.
Les sensations sont bonnes. Je me sens plutôt en forme et affûté. Je me suis bien intégré à l’équipe. C’est de bon augure.
Il y a du talent chez ce gamin-là, rapide, précis dans la dernière passe et capable de répéter les efforts, comme l’attestent les tests hivernaux de son équipe où il apparaît au premier rang avec Erwan Koutele. « J’ai des bonnes qualités athlétiques, une bonne endurance, une bonne vitesse, une assez bonne technique. Après, il faut que je travaille les duels défensifs. »
Le soleil et les voitures de Monaco
Jessie Rotsen ne sort pas de nulle part. Certes, le club de Sarcelles (R2) où il évoluait en première partie de saison n’est pas de ceux qui valorisent un CV. En revanche, les deux années à l’INF Clairefontaine et les trois saisons au centre de formation de Monaco en disent beaucoup plus long sur le potentiel du jeune garçon. Sélectionné une fois en équipe de France U17, Jessie Rotsen avait un vrai profil d’espoir. Las, les choses ne se sont pas passées comme prévu. Après 43 matchs en U17 et U19 Nationaux sur le Rocher, le petit gabarit a dû faire ses bagages.
Ma dernière saison ne s’est pas passée comme je l’espérais. Je n’ai pas enchaîné beaucoup de matchs, j’ai eu quelques blessures… Et à mon poste, il y avait déjà cinq professionnels.
De son adolescence, Jessie Rotsen garde des souvenirs forcément hors du commun. « J’ai beaucoup progressé à Clairefontaine. J’ai aussi grandi humainement là-bas. À Monaco, quand on arrive, on a les yeux gros comme le monde. Les belles voitures, le soleil… Mais il faut se mettre dedans directement, sinon on se fait bouffer. Nous étions bien entourés. Il y avait même une psychologue. Personnellement, j’avais aussi la chance que mon grand frère soit également là-bas. »
À Mondeville la saison dernière
À 18 ans, Jessie Rotsen devait trouver un nouveau point de chute. Ce fut finalement à Mondeville lors de la deuxième partie de saison 2017-2018. Là encore avec le frangin. Les difficultés financières du club ont précipité la fin de l’aventure. Le latéral droit est alors retourné chez lui, à Sarcelles.
Je n’ai jamais abandonné mon envie de retrouver un niveau supérieur. C’était un retour en R2 pour garder la forme, enchaîner les matchs et repartir ailleurs ensuite. J’aurais aimé reprendre tout de suite plus haut, mais j’ai assez bien vécu ces six mois. J’étais avec ma famille et mes amis tout en restant concentré sur le foot.
À court terme, Jessie Rotsen aspirait à retrouver le National 3. L’ASPTT Caen, qui s’est récemment séparé de Kevin Mpongi à son poste, lui permet de se relancer. « On cherchait un joueur de couloir et on a eu cette opportunité, explique Laurent Dufour, l’entraîneur caennais. Julien Alvarez (préparateur physique des PTT, ndlr) le connaissait via Mondeville la saison dernière. C’est un garçon dont l’état d’esprit colle au club. »
« Je garde l’ambition de devenir professionnel »
Le N3, un moindre mal quand on ambitionne autre chose ? « Beaucoup de réserves professionnelles sont en N3. Il faut passer par là, observe Jessie Rotsen avec philosophie. Je n’ai pas pu le faire à Monaco. Je vais essayer d’enchaîner les matchs pour, dans un deuxième temps, voir au-dessus. » À seulement 19 ans, et bien que sorti du circuit pro, Jessie Rotsen aurait tort de baisser les bras.
Je garde l’ambition de devenir professionnel un jour. Je sais que c’est une route difficile. Ce n’est pas forcément une ligne droite. Tout passe par le travail. Quand on travaille dur et qu’on y croit, une opportunité se présente un jour. C’est à nous de la saisir.
Jessie Rotsen espère faire des PTT un tremplin vers le niveau supérieur. Sans oublier ses valeurs. « J’espère aller plus haut, mais ce n’est pas pour autant que je néglige le club ou que je l’oublierai un jour. » De nouveau déraciné, Jessie Rotsen a repris le cours d’une existence rendue atypique par le ballon rond. Avec le sourire. « Je n’ai pas forcément la vie d’un autre adolescent, mais j’aime ma vie. »