La Rep Sports : Quel est votre ressenti, près de deux semaines après votre élimination ?
Florian Carvalho : Louper mes JO de cette manière m’a beaucoup déçu. Mais je manquais vraiment de rythme. Si l’épreuve s’était déroulée une semaine plus tard, peut-être que ma place en demi-finale aurait été jouable. Attention, je ne suis pas parti en Brésil en me disant que j’avais perdu d’avance. J’ai appliqué la stratégie de course qui était la plus adaptée à ma forme du moment, à savoir mener pour passer au temps mais ça n’a pas suffi. J’étais trop diminué, je ne pouvais pas changer de rythme, ni accélérer, et encore moins trouver de relais.
Comment expliquez-vous ce manque de forme ?
Lors des Championnats d’Europe à Amsterdam (6-10 juillet) où je termine 5e, tout se passait bien, même si j’y ai peut-être laissé un peu trop d’influx nerveux et de fatigue. Je loupe la médaille pour pas grand-chose. Cinq jours plus tard, au meeting de Monaco, je subis le rythme de la course, j’ai de mauvaises sensations. Puis, je pars en stage à Montpellier avec l’équipe de France, pendant lequel ma première séance se déroule bien avant que ça n’aille de pire en pire. Arrivé à São Paulo, quelques jours avant mes débuts au JO, la forme revenait progressivement, tout comme ma confiance lors des entraînements avec l’équipe de France. Mais au final, pas assez vite faire un résultat probant à Rio.
« Pourquoi pas le 5 000M ? »
Vous n’avez pas non plus vous entraîner de manière optimale…
Il faut savoir que depuis le mois de mars, je me suis géré tout seul. Mon entraîneur de toujours, Gérard Sautret, que je connais depuis près de 20 ans, m’a annoncé qu’il avait des soucis personnels qui l’empêchaient de continuer à m’entraîner. Nous nous sommes séparés d’un commun accord, sans se fâcher. C’est une rupture, certes, mais pas au point de ne plus s’adresser la parole. Je ne lui en veux absolument pas. Mais à cinq mois des Jeux, j’ai fait le choix finir ma préparation sans l’aide de personne. Je savais ce que je faisais, les méthodes d’entraînements de Gérard sont cycliques, je me suis donc dit que je pouvais tenir jusqu’à Rio. C’est peut-être ce poids psychologique qui a joué dans mes performances, mais j’assume totalement la direction prise depuis la fin de ma collaboration avec mon coach.
Avez-vous déjà choisi votre futur entraîneur ?
Lors du rassemblement de l’équipe de France à Montpellier, j’ai beaucoup parlé avec Thierry Choffin, qui m’a distillé quelques bons conseils vers la fin de ma préparation. Je vais donc le rejoindre au Pôle de Fontainebleau. Je le connais bien, c’est quelqu’un de droit, sérieux, avec qui la communication passe bien, ça devrait être pas mal. On verra ce que ça donne sur les deux, trois premiers mois. Ce changement me fera peut-être du bien. Avec Gérard Sautret, ça a été une très belle histoire. Et observer une nouvelle façon de s’entraîner, un autre regard, peut m’apporter de bonnes choses. J’en suis presque demandeur. Si ça fonctionne, tant mieux. Sinon, tant pis, car j’aurais tout de même eu de belles années dans l’athlétisme.
Justement, comment voyez-vous la suite de votre carrière, à 27 ans ?
Psychologiquement, j’ai besoin de souffler. Donc je profite de mes vacances avec famille et amis, avant de reprendre le 10 septembre au Pôle de Fontainebleau. Je ne sais pas encore si je vais participer au cross de sélection mi-novembre pour me qualifier aux Championnats d’Europe de la discipline. Tout dépendra de ma forme et de ce qui aura été programmé pour moi. Mais ce qui est certain, c’est que je me projette dans quatre ans et les JO de Tokyo. Et pourquoi pas me tourner, à l’avenir sur le 5 000m ? Et, si je suis toujours au top mentalement et physiquement, envisager le marathon pour les Jeux de 2024, si jamais Paris parvient à les obtenir ? On en est loin, mais ce qui est certain, c’est que je veux continuer à prendre du plaisir.