« Mon premier texte ? Ca ne volait pas haut ! J’avais fait rimer « préservatif » avec manif » », se souvient, amusé, Zacharie Dallah, 29 ans, la voix posée à la Mc Solaar et le regard tendre sous son béret vintage. Il n’avait alors que 13 ans et rêvait déjà de monter sur scène. C’était l’époque de la bande de potes, fans de Doc Gyneco et de Disiz la Peste. Depuis, il voit la vie en rimes. Aujourd’hui, ce chanteur et coach scénique donne également des cours d’écriture au Live Factory, à Lieusaint et au sein du service jeunesse de Brie-Comte-Robert.
« J’ai toujours aimé écrire. De fil en aiguille, on a monté un groupe de rap local, les Def’Sonore (Def’ pour défaillance, ndlr) ». Le groupe se maintient pendant les années collège et donne trois concerts, lors du marathon de Sénart, de la fête de la musique à Lieusaint et à une fête de quartier. Au lycée, il forme le duo KF Club qui tourne avec le réseau Pince Oreilles, en Seine-et-Marne mais également en Belgique et en Allemagne.
L’éclate pour ces jeunes qui s’approprient alors un moyen d’expression. « On avait même sorti un CD avec trois morceaux, raconte-t-il. On pouvait dire des choses qui n’étaient pas vraiment de notre âge. J’écrivais des titres sur la politique, sans vraiment comprendre grand-chose. Au-delà de ça, l’écriture me permettait d’évoquer des thèmes qui me touchaient et dont nous parlions rarement entre copains. »
Première partie des Wu Tang Clan
À la maison, sa mère n’écoute que rarement de la musique. Le déclic ? Un album de Mickaël Jackson qui lui donne des envies de faire son show. Depuis, le Lieusaintais a fait du chemin. Première partie du concert des Wu Tang Clan, un groupe de hip-hop américain, au Zénith, à Paris. Sortie d’un CD de 6 titres. Préparation d’un album intitulé « Fiction ». En tout, cet autodidacte, toujours à la recherche de la rime percutante, de l’allitération et de la consonance qui marquent, compte une quarantaine de textes composés essentiellement autour de l’amour, la mort, la situation économique, ses propres peurs, etc.
« Tout le monde peut écrire »
Pas enfermé dans un style musical, Zacharie Dallah aime surprendre et enregistre également le morceau « La lune » avec le groupe « La Mathilde », « un son pop-rock avec du saxo, de l’accordéon, de la guitare et de la batterie ». Sa plus grande fierté ? Son titre « Mon cher », qu’il commence à rédiger après la mort de son père. « J’ai mis des années à la terminer. C’était comme une thérapie. » Depuis janvier, Zacharie Dallah aide les artistes professionnels et les amateurs confirmés à se lancer. « Tout le monde peut écrire. Il faut avoir message à transmettre, prendre du recul, comme si on s’élevait au-dessus de notre sur-soi. Et parfois, on se surprend soi-même ! »