«C’était un moment magique ! Moi, simple amateur, je décroche la première place à une compétition de poker où il y avait des professionnels, c’est dingue ! Encore aujourd’hui, je ne réalise pas vraiment ce qu’il m’arrive. »
Assis à la table d’un café parisien, Cyril Georges, 20 ans, livre ses souvenirs de la semaine dernière, le sourire aux lèvres. Il faut dire que ce jeune étudiant ingénieur en 4e année à l’école polytechnique de Sceaux (EPF), dans les Hauts-de-Seine, a réussi un exploit mardi 8 mars. Au terme de six jours de compétition acharnée, il a décroché la première place au tournoi de poker organisé par Winamax, le site Web français de poker et paris sportifs en ligne. Bilan : il repart avec 103 500 euros et le titre de champion de France 2015-2016, lui qui avait été qualifié pour zéro euros !
“Avant, je gagnais rarement”
« C’était la première fois de ma vie que je participais à une compétition de poker, explique le jeune homme qui vit aujourd’hui à L’Haÿ-les-Roses (Val-de-Marne) mais qui a grandi à Lésigny. Avant cela, je jouais sur Internet depuis mes 18 ans, sans que cela ne soit quotidien. Je gagnais même rarement, mais je m’en moquais car je faisais des petits tournois avec des mises de 25 centimes ou d’un euro. »
Ses premiers pas dans le monde du poker, il les a faits à l’âge de dix ans, avec les amis de l’une de ses grandes sœurs. « Ils jouaient sans argent et ont accepté de m’apprendre les règles de base », se souvient Cyril. Très vite, il se prend d’intérêt pour ce jeu de carte, sa stratégie et ses techniques, et cette part de hasard qui n’est, selon lui, pas si déterminante que cela dans l’issue de la partie.
À 17 ans, il découvre « les vraies profondeurs de ce jeu ». Il commence ainsi à visionner une série de vidéos de la série “Dans la tête d’un pro”, sur Winamax. « C’est là que j’ai compris qu’il ne faut pas jouer par rapport à ses cartes, mais en fonction des actions des adversaires. Il ne faut pas attendre une super-main, il suffit juste d’avoir mieux que son adversaire, ou lui faire croire qu’on a mieux. Il y a beaucoup de psychologie, et le bluff est loin d’être la première chose à maîtriser. »
Mise de zéro euro
Sa participation au tournoi, il la doit à Winamax qui a proposé gratuitement à tous ses membres de s’essayer aux “épreuves qualificatives”. Son ticket, Cyril l’a donc obtenu pour zéro euro ! La première étape a eu lieu en novembre 2015 où près de 200 000 joueurs se sont affrontés sur des tables en ligne. Seuls les premiers passaient ensuite à l’échelon supérieur. Progressivement, le jeune homme a fait ses preuves, gagnant à chaque fois son billet pour l’étape supérieure, jusqu’à la finale qui s’est déroulée au cercle Clichy Montmartre, à Paris, du 3 au 8 mars dernier. En tout, 1 389 participants, dont 140 qualifiés gratuitement, venus de tous les horizons du pays se sont affrontés, pour une dotation globale de 694 500 euros, ce qui est le plus grand tournoi gratuit jamais organisé en France.
« Au début, jamais je n’aurais pensé arriver si haut, confie-t-il. Alors, quand je me suis qualifié pour la finale, j’étais fou ! Il fallait finir dans les 188 premiers pour toucher minimum 1 000 euros. Il y avait une très bonne ambiance, même si tout le monde était très concentré. Des célébrités comme Benjamin Castaldi, Michel Boujenah ou Raymond Domenech étaient même là ! » Immédiatement, Cyril tire son épingle du jeu. Chaque candidat commençait avec 20 000 jetons. À la fin de la première journée, le jeune homme en avait 120 000 et était classé 12e sur les 650 restants. Sa progression durera jusqu’à la table finale, mardi 8 mars. Là, il était classé 3e sur les huit finalistes.
Face-à-face final
« À ce moment, je n’y croyais pas ! J’avais près de 4 millions de jetons et je ne pensais plus qu’à une chose : gagner ». Le début de la journée se passe alors bien pour Cyril qui sort quatre joueurs de la partie. Puis, il perd un gros coup contre Sylvain Nazarian, qui a fini deuxième à la fin. « À ce moment, il avait 20 millions de jetons, et mois 3,5, raconte le jeune homme. J’étais donc en mauvaise posture. Le face-à-face à durer 40 minutes (après déjà près de neuf heures de jeu, N.D.L.R.) et j’ai réussi à inverser la tendance grâce à de la chance. Il a essayé de me bluffer, mais je l’ai bien attrapé. Sur cette main, j’ai compris qu’il craquait. »
Après la pause, Cyril expédie la partie et remporte le gros lot grâce à une paire de dames.
Cet exploit lui vaut forcément les salutations des professionnels présents au tournoi. « Cyril nous a livré une véritable démonstration de calme et de sérénité, à faire pâlir d’envie certains des joueurs de tournoi les plus chevronnés du circuit », juge même Winamax. Pourtant, l’enfant de Lésigny garde la tête sur les épaules et n’envisage pas de devenir professionnel. « Je continuerai ma passion, mais c’est certain que j’irai au bout de mes études, livre-t-il. Je veux devenir ingénieur dans l’aéronautique. »
Quant à son compte en banque qui va bientôt être crédité d’un montant à six chiffres, il avoue ne pas savoir quoi en faire . « Il faut d’abord que j’en parle avec mes parents ! », dit-il en rigolant.
Pierre CHOISNET