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Le metteur en scène déclare sa flamme au théâtre

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La République de Seine-et-Marne : C’est Jean-Michel Puiffe (le directeur du Théâtre-Sénart, ndlr) qui vous a fait découvrir la pièce d’Eduardo de Filippo, « L’Art de la comédie ». Qu’est-ce qui vous a touché dans cette œuvre ?

Patrick Pineau : L’humanité qu’elle dégage. Cette pièce parle des gens. Elle parle de nous. C’est une œuvre très sociale, avec du fond, qui traite de nos rapports à l’autre mais aussi à l’art dans son ensemble, la musique, la peinture, la littérature. Il s’agit d’une joute verbale sur l’art et la politique. Cette pièce pose la question : pourquoi la culture est-elle nécessaire dans le monde ?

Et alors, pourquoi la culture est-elle nécessaire ?

Parce qu’elle révèle des choses et permet de prendre du recul sur les situations de la vie. Aller dans un théâtre ou dans un musée permet de nous éveiller, de nous réveiller, voire de nous révolter. On peut en sortir modifié. Le public aime aller au théâtre parce qu’il brasse des émotions. Et on en a besoin. Il n’y a rien de plus merveilleux que d’entendre se raconter des histoires, comme lorsqu’on était enfant. C’est rassurant de voir à Sénart un lieu comme celui-ci sortir de terre, au milieu de nulle part.

Dans le titre de la pièce, l’auteur met une majuscule au terme « art », comme si l’essence met de l’art provenait de la comédie. N’est-ce pas un peu prétentieux ?

Je trouve le titre juste. Cette pièce est tout sauf prétentieuse. C’est une œuvre simple. Pas dans le sens simpliste mais directe. C’est surtout la deuxième partie de la pièce qui justifie le titre. Dans le scénario, le préfet, persuadé de savoir faire la différence entre la réalité et la fiction, ne sait plus si les interlocuteurs à qui il s’adresse sont de vrais médecins, institutrices, curés ou s’il s’agit de comédiens envoyés par une troupe d’artistes. Il va leur poser des pièges car il est persuadé qu’ils jouent la comédie. Mais, au fond, dans le quotidien, nous endossons tous un rôle, nous portons tous un masque social. On joue à être quelqu’un. Qui sont les vrais ? Les faux ? Peu importe. Au final, celui qui joue le plus, c’est le politicien !

Pour aller jusqu’au bout du raisonnement et perdre le spectateur, n’avez-vous pas été tenté d’introduire de faux comédiens mais de vrais médecins, curés ou institutrices ?

C’est un autre choix de mise en scène. Les partitions à jouer sont assez particulières, spécialement le texte de l’institutrice qui, à un moment, entre dans un état de crise. Ce qui ne signifie pas que c’est inenvisageable. Tout le monde peut jouer la comédie. Mais cela demande du temps et également une disponibilité de plusieurs mois car nous partons en tournée.

À quel public cette pièce s’adresse-t-elle ?

À tout public. La curiosité, c’est pour tout le monde ! C’est l’occasion de découvrir un auteur très connu en Italie et trop méconnu en France. On s’amuse beaucoup dans cette comédie vivante à l’écriture brûlante qui peut à la fois se rapprocher du burlesque et du rire grinçant. Les personnages sont extravagants et d’une drôlerie irrésistible.

Quel est le dernier spectacle qui vous a ému ?

J’ai particulièrement apprécié le spectacle de cirque vietnamien « À O làng phô », présenté en décembre dernier, au théâtre de Sénart. Les artistes des arts du cirque et de la danse sont particulièrement inventifs, pertinents et novateurs. Je vais m’intéresser de plus en plus à la danse. Pour l’inauguration du théâtre, je m’étais d’ailleurs associé au chorégraphe Sylvain Groud, un artiste également en résidence à Sénart.

Quelles actions allez-vous mener à Sénart, le temps de votre résidence ?

Je participe à des lectures. En projet également, un accompagnement des amateurs et un stage avec des malentendants, une initiation à la mise en scène et à l’écriture. L’année prochaine, nous allons créer un spectacle itinérant qui sera présenté dans le département et dans des lieux où on ne l’attend pas forcément : des MJC, des granges voire même dans la rue. L’idée serait de faire davantage que de jouer et d’organiser des rencontres avec les spectateurs. Les comédiens pourraient passer une journée avec les jeunes des communes traversées, par exemple.

Quels sont vos projets en dehors de Sénart ?

Avec Mohamed Rouabhi (un comédien qui joue dans L’Art de la comédie, ndlr), nous travaillons sur une pièce dont il est l’auteur et qui s’intitule « Jamais seul ». C’est un projet important qui devrait voir le jour fin 2017 avec, sur scène, 18 comédiens. Cela fait trois ans qu’on se bat pour monter ce spectacle de 3 heures. Je ne sais pas si la première se jouera au Théâtre-Sénart mais nous y passerons, c’est sûr !

Propos recueillis par Vanessa RELOUZAT

« L’Art de la comédie », du jeudi 28 au samedi 30 janvier, au Théâtre-Sénart. Plus d’infos : 01 60 34 53 60. Site : www.theatre-senart.com


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