Mercredi 28 octobre, de nombreuses associations de protection animale ont sorti leurs griffes ! Sur leurs pages Facebook et leurs sites internet elles ont laissé libre cours à leur colère. S’associant au collectif “Chats – 100 % stérilisation obligatoire”, elles ont fermé leurs portes le temps d’une journée. Objectif : demander un effort national contre la prolifération des félins. Le collectif vient d’ailleurs d’adresser un “plan chat” à Stéphane Le Foll, ministre de l’Agriculture, et Ségolène Royal, ministre de l’Ecologie, exigeant une loi qui obligerait la stérilisation de tous les félins.
Deux associations qui œuvrent dans la Brie – Chaperlipopette 77, basée à Chaumes-en-Brie, et Phœnix 77/94, dont l’une des antennes est basée dans les environs de Coulommiers – ont rejoint le mouvement. Leur slogan collectif est simple et direct : « Ras le bol des abandons ! Stérilisez vos animaux ou n’en prenez pas ! »
Espérance de vie : 1 an
Si les associations adoptent un ton si vindicatif, elles qui sont d’ordinaire discrètes, c’est parce que la situation aurait atteint un seuil critique. « Depuis près d’un an, nous sommes à saturation ! Nos quinze familles d’accueil n’ont plus de place chez elles, et nous sommes les mains liées face au nombre de chats errants qui, eux, ne cessent d’augmenter », s’alarme Karine Sennesal, vice-présidente de Chaperlipopette 77, association qui gère une centaine de chats chez des familles d’accueil et le même nombre dans la rue. La bénévole accueille d’ailleurs une soixantaine de félins chez elle. « Mes murs ne sont pas extensibles, j’ai tout fait pour soulager au maximum la vie de ces animaux dont le quotidien dans la rue est horrible, mais aujourd’hui, je ne peux plus », ajoute-t-elle.
Même cri du côté de Phœnix 77/94. Sa présidente, Cathy Da Cruz dresse un constat alarmant : « Nous suivons près de 500 chats identifiés et nous n’avons plus aucune place pour ces animaux qui sont souvent inadoptables ! C’est d’autant plus vrai dans les zones urbanisées où les chats ont tendance à se regrouper à cause des poubelles qui abritent la nourriture. Mais avec les conteneurs d’aujourd’hui, ils n’y ont même plus accès, où très difficilement. Ce qui fait que l’espérance de vie d’un chat errant, dont personne ne s’occupe, ne dépasse pas un an… »
Stérilisation de tous les chats
Ainsi, les abandons seraient plus nombreux, tout comme les phénomènes de maltraitance, les empoisonnements ou les euthanasies. Et abandonner un chat, qui le plus souvent n’est pas stérilisé, c’est multiplier les risques qu’il se reproduise à la chaîne. Cette situation perdure malgré la peine qu’encourent ceux qui abandonnent leur animal ; deux ans d’emprisonnement et 30 000 euros d’amende.
« On estime qu’en France, il y aurait environ 11 millions de chats errants dans les rues », assure la vice-présidente de Chaperlipopette 77.
La responsabilité des maires
Le 1er janvier 2015, une loi est entrée en vigueur en France. Elle stipule que les chats errants ne peuvent être capturés qu’à la demande du maire. Par ailleurs, les animaux ne peuvent être conduits en fourrière (où ils sont la plupart du temps euthanasiés) que dans la mesure où aucune autre solution d’identification et de stérilisation ne s’offre à l’élu.
Mais les Mairies se révèlent bien souvent frileuses, et ce, au détriment du travail des associations sur le terrain qui se proposent d’organiser la stérilisation. « À 60 euros l’acte, nous avons pourtant besoin de l’argent public », soutient Karine Sennesal. Quant à la présidente de Phœnix 77/94, elle envisage d’aller plus loin : « Je réfléchis à un moyen de dénoncer les maires qui font appel à la fourrière alors que des solutions s’offrent à eux, au mépris de la loi ! »
Pierre CHOISNET