C’est un terrible drame qui endeuille toute une profession.
Jeudi, vers 9 h 30, Joseph Scipilliti, un avocat du barreau de Melun a tiré à plusieurs reprises sur Henrique Vannier, le bâtonnier de Melun avant de se donner la mort. Grièvement blessé, il est actuellement hospitalisé à l’hôpital Henri-Mondor à Créteil (Val-de-Marne).
Parcours
Natif des Vosges, l’homme arrive à Lons-le-Saunier avec ses parents et son frère Jérémy alors qu’il a une dizaine d’années. Sa famille y vit toujours. Très choqué, il s’est rendu auprès de son proche dès l’annonce du drame. Henrique Vannier habite cette ville toute son enfance jusqu’à l’âge de poursuivre ses études. Il part étudier le droit à l’université de Besançon, puis à l’école des avocats à Dijon, avant d’entamer sa vie professionnelle à Melun pour des raisons personnelles.
« Un cauchemar »
Maître Alexandre Maillot, l’un de ses meilleurs amis, a partagé ses années d’études avec lui. Il le connaît depuis une vingtaine d’années. Il confie sa stupeur et son effroi. « Moi qui le connais très bien, je ne comprends pas. On a l’impression d’être dans un cauchemar. Henrique est une vraie crème ; c’est quelqu’un de gentil, compréhensif. Il a simplement fait son travail de bâtonnier, mais ça ne justifiait pas un tel drame. Psychologiquement, cet homme devait avoir des problèmes. J’ai communiqué l’information à mes confrères du Jura ; beaucoup d’entre eux l’ont côtoyé. La profession est sous le choc ».
Proche de l’extrême droite, le journal testamentaire de Joseph Scipilliti laissé à ses proche révèle un homme dépressif et très remonté contre le système judiciaire.
Les rapports tumultueux avec l’ordre des avocats de Melun remonterait à son installation au début des années 1990. Il avait été interdit d’exercer en mai pendant une période de trois ans pour avoir adressé des menaces de mort au bâtonnier. Une procédure disciplinaire était en cours pour des cotisations et des charges non payées.
État de santé
Il avait rendez-vous avec Henrique Vannier, pour qu’il acte sa suspension. Des menaces qu’avait évoqué le bâtonnier il y a un mois. « Il m’en a parlé ainsi qu’à son frère, mais je ne pense pas qu’il ne se doutait que ça aurait pu aller jusque là », observe Maitre Maillot.
Pour son frère en revanche, Henrique était très inquiet depuis longtemps. « Il avait affaire à quelqu’un qui le menaçait depuis 10 ans, mais très peu de mesures avaient été prises contre cet homme. » Ne souhaitant pas en dire davantage, Jérémy Vannier se préoccupe surtout de son état de santé. « Le plus important c’est qu’il s’en sorte. »
Ses parents ont quitté Lons-le-Saunier dans la journée et sont arrivés au chevet de leur fils. Il a été opéré à deux reprises et son pronostic vital n’est plus engagé.
Julie PHILIPPE