Plus de 720 personnes ont assisté à l’avant-première du film « Human » présenté par Yann-Arthus Bertrand lui-même ! Une projection événement organisée de concert entre la mairie et Christiane Reynaud, gérante de l’établissement avec cinq salles mobilisées pour une projection en simultané, une première. Rencontre.
La République de Seine-et-Marne : Comment décrire « Human ?
Yann-Arthus Bertrand : C’est un film où il n’y avait pas de scénario au départ. On est partis sur la force des mots, ce que disent les gens. On s’est arrêté au bout de 2 ans et demi, mais j’aurai bien continué 1 ou 2 ans de plus. Sur le film projeté en salle, on ne se sert finalement que de 1/1000e sur les 2020 interviews récoltées. En réalité, au début « Human » durait 12 heures, qui ont été divisées en 11 films en tout. Sur internet, une vingtaine d’heures d’images sont déjà disponibles. Même si au début, je voulais rester sur un film beaucoup plus long, faire une vraie œuvre, on me l’a déconseillé. On a réduit à 3 h 10, ça a été très dur. A chaque fois que l’on enlevait des témoignages ça m’arrachait un bras…
Pour vous, c’est quoi l’humanité ?
C’est accepter que les gens autour de toi sont différents et que tu n’es pas forcément meilleur qu’eux. Ce film parle de ça. Il n’est pas une réponse, mais une grande question : qu’est-ce que c’est d’être humain ? En fait, il te répond à toi personnellement. Si tu veux être heureux, il faut mettre ton humanité au-dessus de tout, de tes craintes, de tes peurs, ce qui n’est pas toujours facile. Malgré tout, je reste étonné par les réactions des gens dès qu’ils le voient. C’est impressionnant comme ce film touche le cœur. C’est peut-être aussi parce qu’ils m’ont ouvert le leur. L’empathie devant la souffrance, on est tous les mêmes. Ce film, c’est de l’émotion pure du début à la fin !
« Home » a été vu dans plus d’une centaine de pays par près de 600 millions de personnes. « Human » connaîtra-t-il le même succès ?
Je pense que l’on fera mieux encore. C’est un film plus fort que « Home », plus personnel, plus compliqué à comprendre et difficile à regarder pour certaines personnes. C’est un film qui essaie de montrer ce que l’on ne peut pas vraiment voir, sans aucun commentaire. On ne sait pas d’où les personnes interrogées parlent, aucun nom n’est cité, ni de lieu. Laisser les gens s’exprimer, la parole pure, laisser les humains entre eux échanger, c’était la condition.
Fontainebleau est la plus petite ville de votre tournée de promotion, pourquoi ce choix ?
Pour moi, il n’y a pas de petite ville. On a déjà fait des grandes salles, mais jamais avec un petit cinéma qui joue autant le jeu, c’est génial. C’est aussi grâce à Simon Allix qui nous a sollicités. Il y a des moments où les gens font beaucoup d’efforts pour toi, alors tu fonces !
A voir lors d’une soirée spéciale mardi 29 septembre sur France 2 : de 20 h 45 à 4 h du matin, sera diffusé à la suite plusieurs de ces films.