Montereau s’arrête là où débute l’avenue de Surville. Un raccourci plutôt facile mais pas si éloigné de la réalité et de la particularité de la cité du Confluent. En 2000, le contrat de ville stipulait le fait que « l’enjeu est de faire de ce quartier (Surville, ndlr) une ville, un pôle urbain à part entière dans une commune bipolaire. » Quinze ans après, la démolition de plusieurs immeubles et l’installation des commerces apportent des premiers éléments de réponse. Mais les clichés ont la vie dure et la Ville Haute contribue aussi à les faire perdurer. Récemment, deux jeunes ont été jugés au tribunal correctionnel de Fontainebleau pour des guets-apens tendus par le biais du site Leboncoin. fr. L’un d’entre eux a été condamné à 18 mois de prison ferme. Ce qui nous amène àn faire un état des lieux, entre le square Beaumarchais et Montereau Plage.
Plan « Borloo »
La Ville Haute bénéficie depuis 1995 d’un projet de rénovation urbaine, approuvé par le gouvernement et financé par l’Agence nationale pour la rénovation urbaine (ANRU) dans le cadre du plan « Borloo ». Un projet à 200 millions d’euros financé en partie par l’ANRU (73 millions d’euros), le bailleur municipal Confluence Habitat (52), le Conseil régional (18), la Ville (7) et la CC2F (2). « C’est une grande stratégie de restructuration que l’on mène depuis 15 ans. Il s’agit d’une modification profonde et structurelle intense », avait expliqué Yves Jégo lors de l’inauguration de la Résidence de l’Europe, fin juin. Une construction de 58 logements dans la lignée de la politique municipale.
Raser les tours
L’objectif avoué est d’aplanir et d’ouvrir sur l’extérieur une Ville Haute longtemps repliée sur elle-même et déjà victime de son isolement géographique. Montereau est aujourd’hui l’une des villes du département qui contruit le plus. En quelques années, les quatre tours Lavoisier ainsi que les terrasses Voltaire et d’Alembert ont été détruites. « C’est beaucoup mieux qu’avant, affirme un habitant du quartier. C’est bien que la mairie ait détruit les tours et reconstruit des maisons (les fameuses maisons à 100.000 €, ndlr). » Mais l’association « Montereau Demain », qui prône « la défense des intérêts de ses concitoyens » selon sa propre définition, est plus nuancée : « Le fait de détruire les tours est une bonne idée mais tous les logements ne sont pas reconstruits. » La Ville demande en effet des efforts de la part des communes environnantes selon le calcul suivant : 80 % de logements reconstruits à Montereau, 20 % aux alentours.
Et ce n’est pas fini puisque la première partie de la restructuration du square Beaumarchais pourrait bientôt débuter. Yves Jégo souhaite en tout cas « sortir du gigantisme des barres et des tours ».
Motos, cafards et faits divers
Si la situation s’est apaisée, plusieurs habitants regrette le passage intempestif des motos dans les rues de Surville. Des allers-retours qui dureraient toute la journée. Ce qui peut expliquer en partie la mauvaise image du quartier qui est régulièrement présent dans les pages faits divers. Aussi, une partie de la rue Fleur-Bégné aurait été infestée de cafards en 2014. En cause les cloison en bois des immeubles, dont les façades ont été soigneusement refaites mais pas en profondeur selon certains.
Espaces verts
Signe du changement, les espaces verts ont fleuris comme l’aire de jeux du cours Montaigne. Et l’esplanade François Mitterrand est l’un des plus beaux points de vue de la ville. C’est ici que nous avons rencontré Lucien, dit « Lulu » ou « Padre ». Résidant à Surville depuis 20 ans, il consent à dire qu’ avant « il y avait un sentiment d’insécurité mais j’ai moins cette impression maintenant », même s’il poursuit : « La ville est en bas, ici ce sont les clapiers. » Quoiqu’il en soit, le fait que Montereau Plage ait pris place sur la place Jean-XXIII n’est pas une coîncidence, plutôt une volonté de décentraliser les activités du cœur historique de Montereau.
Demandes de retour
Des cages où les gens s’y sentent a priori bien. 600 dossiers ont par exemple été déposés pour la résidence de l’Europe. La demande est en évolution constante selon la mairie. Lahcen Chkif, le président de la Confédération nationale du logement de Montereau affirme même : « Avant personne ne voulait revenir, mais on observe de plus en plus de demandes de retour. » Et peut-être qu’alors Surville pourra aussi prendre le nom de Montereau.
Thomas BARON