Les 43 fonctionnaires qui travaillent aux Archives Nationales de Fontainebleau n’ont pas fini de retenir leur souffle. Leur avenir s’écrit avec un grand point d’interrogation, tout comme celui du site plus que jamais menacé de fermeture définitive.
En avril 2014, le site était subitement fermé au public en raison de l’état du bâtiment qui présentait de graves désordres. Depuis, une bonne partie des documents ont été rapatriés sur le site neuf de Pierrefite, mais il reste sur place 60 kilomètres linéaires de documents totalements inaccessibles.
Plus d’un an après, le site est toujours en sursis. Les fonctionnaires ont été relogés dans des pré-fabriqués en attendant qu’une décision soit prise. Une décision qui tarde, comme l’a rappelé la sénatrice Colette Mélot lors d’une question posée au Ministre de la culture. Fleur Pellerin a répondu qu’un appel d’offres avait été lancé pour qu’une étude soit faite : « pour des raisons de sécurité, il a été impossible de récupérer les archives restant à Fontainebleau, mais aussi, des mois durant, de mener les enquêtes techniques nécessaires à l’interieur ». Cet été, selon la Ministre, une campagne d’investigation permettra d’envisager les extractions d’archives manquantes. Autant dire que le site de Fontainebleau risque d’être totalement vidé, ce qui ne plaide pas pour l’option d’une rénovation sur place.
« Un drame se profile »
Alors, que va faire l’Etat ? Consolider le site de Fontainebleau, le reconstuire sur place ou tout céder à Pierrefite, déjà proche de la saturation ? « L’opérateur du patrimoine et des projets immobiliers de la culture me rendra un rapport qui évaluera le coût des différents scénarios. C’est alors seulement que je pourrai arbitrer » a répondu Mme Pellerin.
Wladimir Susanj, secrétaire général CGT des Archives Nationales ne cache pas son inquiétude : « C’est une partie très importante de la mémoire collective du pays qui est menacée. Il faut savoir pourquoi et comment on en est arrivés là. Nous, nous réclamons fermement le maintien et la rénovation des bâtiments de Fontainebleau ».
Socialement, l’affaire a déjà laissé des traces : « On a perdu 20 % de l’effectif avec des départs volontaires non compensés. On perd de la force de travail et on ne sent pas le Ministère mobilisé sur ce dossier pourtant primordial. A Fontainebleau travaille une équipe compétente, qui a sa vie dans le sud Seine-et-Marne. Que vont-ils devenir si on décide de fermer ? Vont-ils devoir passer 4 heures par jour sur la route ? ».
Preuve de la tension qui monte, le contrat du chauffeur chargé d’assurer les navettes entre la gare et les Archives n’a pas été reconduit. Une décision mal vécue par le personnel qui sera en grève le lundi 22 juin. « C’est un drame patrimonial et social qui se profile », conclue M. Susanj. Le site, qui avait déjà été menacé en 2012 avec la construction du site de Pierrefite, aura t-il le temps de souffler sa cinquantième bougie en 2019 ?
Yoann VALLIER
Les comptes de campagnes d’avant 2012 emprisonnés !
Parmi les documents toujours stockés à Fontainebleau, tous les comptes de campagnes des élections datant d’avant 2012. Des documents « en parfait état mais parfaitement inaccessibles », selon la directrice des Archives Nationales François Banat-Berger, répondant à nos confrères du Figaro. Seuls documents ne restant pas prisionniers de Fontainebleau : les comptes de campagne de Nicolas Sarkozy de 2007, qui ont fait l’objet d’une réquisition judiciaire, avant la fermeture du site bellifontain.