« Melun est au bord de la catastrophe, s’alarme Louis Vogel, le président de la communauté d’agglomération de Melun Val de Seine. La première des priorités, c’est d’assurer la sécurité de nos concitoyens. C’est ce qui conditionne tout le reste. Si on ne peut pas prendre sereinement les transports, par exemple, il n’y aura pas d’installation d’entreprises et le développement économique ne sera pas assuré. La délinquance a augmenté de 8 % de 2011 à 2014. En 2015, nous sommes sur la même tendance ».
Afin de lutter contre cette insécurité, les élus de la communauté d’agglomération ont donc voté la création d’un Conseil Intercommunal de Sécurité et de Prévention de la Délinquance (CISPD). Il s’agit, en clair, d’organiser une fois par mois des réunions de coordination entre le préfet, les maires, les polices municipales, nationales et des transports, la direction de Transdev, mais également les représentants d’associations de quartiers, l’éducation nationale, les pompiers et les bailleurs sociaux. Le but : assurer la circulation de l’information entre les différents acteurs impliqués.
Manque de moyens
« Ce CISPD n’est pas une nouvelle entité qui viendrait se superposer aux autres, explique le président de l’agglo. En effet, cette nouvelle instance se substituera aux Conseils Locaux de Sécurité et de Prévention de la Délinquance communaux (CLSPD) qui ont montré leurs limites du fait d’une délinquance qui s’affranchit des frontières communales. Le CISPD ne remplacera pas les initiatives municipales qui conserveront la maîtrise des politiques sociales, éducatives et d’animation liées à la sécurité des habitants de leur commune. »
L’objectif : rentabiliser au maximum les moyens alloués à la sécurité. « Vingt-deux agents de la police municipale à Melun pour une ville de 40 000 habitants, c’est insuffisant, souligne l’élu. Sans parler de la justice. En France, le budget qui lui est consacré représente 115 euros pas habitant, alors que l’Allemagne attribue 163 euros, le Royaume-Uni 196 euros et la Suède 432 euros. Résultat : la réponse pénale n’est pas assez rapide. »
« Le problème est déplacé »
Du côté de l’opposition, on a choisi de soutenir la création de cette instance. Même si, la note de présentation a été jugée incomplète par Bénédicte Monville de Cecco (EELV).
« Les violences verbales, le décrochage scolaire, le trafic de stupéfiant ou les cambriolages sont traités de la même manière comme s’il s’agissait de délits de même nature, remarque la conseillère municipale de Melun. Rien n’est dit des causes de la violence ou des trafics, rien sur l’augmentation de la pauvreté et de l’insécurité sociale qui sont au cœur de la délinquance. On nous propose de multiplier la video-protection alors même que les débats de lundi soir ont fait apparaître que l’installation d’une caméra à la gare de Melun n’a fait que déplacer le problème et qu’elle n’a évidemment rien résolu. »
Le programme d’installation de caméras de vidéo-surveillance devrait pourtant se poursuivre. Pour Louis Vogel, il est maintenant urgent de passer à l’action.
« Les administrés en ont marre. Un jour, il y aura une balle perdue. On vit dans une époque de désillusion totale. À un moment, les personnes qui vivent dans les quartiers défavorisés y croyaient. Mais ils constatent aujourd’hui qu’il est vraiment plus difficile de réussir quand on ne vient pas du bon endroit. Résultat, ils n’ont rien à perdre. » La première réunion plénière du CISPD se tiendra le vendredi 5 juin.