Un an après le Théâtre Impérial, le château de Fontainebleau s’offre une nouvelle réouverture événement, avec le Boudoir Turc, ouvert enfin au public depuis ce matin. Il est l’un des derniers témoignages existant des « turqueries royales » très appréciées au 18e siècle, créé sous Marie-Antoinette en 1777, alors âgée de 22 ans. « Un petit caprice d’adolescente », relève Vincent Cochet, conservateur du patrimoine chargé de cette délicate restauration.
Il s’ajoute et complète ainsi le circuit principal, sur visite guidée uniquement, invitant les visiteurs à découvrir la face cachée de ces reines et impératrices que le protocole étouffait parfois… Par groupe de quinze personnes divisé en deux, pour accéder par un escalier dérobé depuis la cour Ovale au deuxième étage de cette partie dissimulée, le public découvrira ce petit 3 pièces, coincé entre la chambre du Roi, devenue la salle du trône, et la chambre de l’Impératrice.
À l’époque, six mois de travaux ont été nécessaires pour réaliser en urgence cette commande particulière de Marie-Antoinette. Le résultat dépasse l’entendement ! Éclairé à la lumière des bougies, ce petit salon couvert d’étoffes ruisselantes d’or est un véritable bijou. Garni de velours et truffé de motifs orientaux, décoré de lambris sculptés et peints sertis de chaises en satin et cannelé couleur lilas, le boudoir turc, tout de mousselines vêtu, taffetas et festons lamés or, présente aussi quelques détails très modernes pour l’époque. Comme le miroir placé devant la fenêtre qui peut se translater : il coulisse à l’aide d’un bouton pressoir grâce à d’ingénieux mécanismes..
Une précédente restauration stoppée nette
Si cette partie n’avait encore jamais été révélée au public, elle avait cependant déjà fait l’objet d’une précédente restauration, en 1950. Des travaux entamés mais stoppés suite à un désaccord entre l’architecte des monuments historiques et le Conservateur du château. De nouveau, le boudoir est abandonné et oublié du circuit… En 2007, ce projet est relancé. Grâce au soutien de l’INSEAD qui participe à hauteur de 324.000 €, une partie du boudoir retrouve son éclat. Ces réparations coûtent cher et dépassent le budget initial. La restauration des étoffes et du mobilier coûte à elle seule 821.210 €. Le mécénat est ouvert aux particuliers qui ajoutent donc 307.000 € à l’enveloppe de 150.000 € allouée en supplément par le ministère de la Culture. Ces chiffres s’envolent.
Pour le retissage des 26 mètres de velours de soie, 15 mois sont nécessaires. Un travail confié à la maison lyonnaise Tassinari et Chalet. Il a fallu 5 jours ensuite, à deux personnes, pour installer ces étoffes autour de l’alcôve où le lit se trouve. Une dernière opération est ainsi lancée : « Des mécènes pour Fontainebleau » avec 357.000 € récoltés.
Après 7 années de labeurs, le boudoir turc a enfin retrouvé toute sa splendeur. Une restauration menée avec talent par Vincent Cochet et Patrick Ponsot, l’architecte en chef des monuments historiques.
Tarifs : droit d’entrée du circuit principal+ visite du boudoir : 14 €. Si gratuit d’entrée : 5 €. Infos au 01.60.71.50.60.