Depuis septembre 2014, une classe de grande section de l’école maternelle Carnot de Souppes-sur-Loing est au centre des attentions. La raison : la présence d’un élève reconnu par la Maison Départementale des Personnes Handicapées (MDPH), atteint de graves troubles de comportement. Ce dernier, selon le collectif Carnot, regroupant plusieurs parents d’élèves, se montrerait « très violent » envers ses camarades et le personnel enseignant. « Les parents d’élèves de cette classe sont très en colère du fait que nos enfants se retrouvent en danger en allant à l’école, explique le collectif. La maîtresse titulaire a même été à plusieurs reprises en arrêt maladie. Il est également urgent que l’enfant MDPH puisse recevoir l’aide dont il a besoin. »
Un cas critique confirmé par Pierre Felettig, délégué syndical pour le SNUipp-FSU77 de la circonscription de Nemours, et qui a dû effectuer en cours d’année un remplacement de quelques jours dans la classe concernée. « Cet enfant est effectivement très difficile à gérer lorsqu’il est en crise, ce qui arrive régulièrement, raconte l’enseignant. Il faut alors le sortir de classe pour le calmer car il est amené à tout retourner sur son passage, à se montrer agressif et parfois très violent, aussi bien envers les enfants que les adultes, parents ou enseignants. Une maîtresse a d’ailleurs été en dépression à cause de cette situation, tandis qu’une collègue remplaçante s’est fait une entorse en tentant de le maîtriser. Pour ma part, même si je n’ai pas exercé longtemps dans la classe, je me suis senti très démuni. Quand il est en furie, il faut être mobilisé à 100 % pour s’en occuper, au détriment de ses camarades, que j’ai parfois dû laisser de côté pour parvenir à le maîtriser. »
Sans solution
Et Pierre Felettig de pointer du doigt l’impasse engendrée par la situation : « L’enfant est accompagné par une auxiliaire de vie scolaire, mais pas à temps complet, et cela ne suffit évidemment pas, regrette-t-il. Sa situation nécessite la présence permanente d’un adulte à ses côtés. Il a déjà été changé de classe, mais cela n’a servi qu’à déplacer le problème. L’institution n’a pas de solution adéquate pour ce genre de situation. La loi du 11 février 2005 pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées, oblige l’école à accueillir tous les enfants. Cet enfant n’a pas de difficulté particulière de compréhension. Il faut qu’il accepte de se mettre au travail. Mais ça n’est pas du tout évident. »
Voulant débloquer la situation, le collectif Carnot fut reçu par l’inspectrice académique de la circonscription et son équipe le 12 février dernier. « Nous sommes tous unanimement sorti très mécontents de cette réunion affligeante de stérilité, pestent les parents d’élèves. Nous avions en face de nous une équipe retranchée et uniformément figée, dans une posture sclérosée sans cesse drapée dans la loi de 2005, paraissant ignorer les autres lois, comme celle de la protection de l’enfance et des personnes, de la mise en danger de la vie d’autrui et de non-assistance à personne en danger. Nous avions en face de nous des discours pitoyables d’impuissance. Des fonctionnaires semblant désarmés, démunis, inertes, relativement satisfaits de leur maigre et tardive implication faite à minima. À bout de patience, nous estimons que ce problème peut désormais sortir du champ de la discrétion si appréciée de l’inspection. Nous nous réservons de mettre en œuvre d’autres moyens d’actions. »
Enfin, le collectif dit vouloir « attirer l’attention » sur la maternelle Carnot, « rudement mise à l’épreuve sur bien d’autres aspects » récemment, entre le décès accidentel d’une petite fille de l’école à son domicile et les menaces du 7 et 12 janvier qui ont pesé sur l’établissement.
Contactée, la direction de l’école maternelle Carnot n’a pu être jointe.