Sur la petite place face au centre commercial du quartier des Fougères, les voisins sont nombreux à s’arrêter pour soutenir le combat d’Aimée Dubus. Elle habite au 5e étage et avec deux prothèses, se rendre au centre commercial en déambulateur est devenu une épreuve depuis qu’un mur de séparation, construit en septembre 2010 « pour endiguer le trafic » empêche le passage entre la résidence et le centre commercial. Seule alternative possible, « un détour de 300 mètres, en pente, avec un trottoir qui n’est pas aux normes pour les personnes en situation de handicap », s’insurge Jean-Michel Royere, président deMobilité Réduite.
« Avant ce mur, c’est vrai que le quartier était assez anxiogène avec des regroupements de jeunes. Mais ce problème, c’est à la police de le régler, pas à Mme Dubus d’en faire les frais », s’énerve un voisin venu lui apporter un soutien moral. Et d’ajouter : « Au quatrième étage, il y a M. Sanchez qui se déplace en fauteuil roulant. Depuis le mur, ce détour lui demande trop d’effort. Cela fait quatre ans qu’il n’est pas sorti de chez lui ! ».
“J’irai jusqu’au bout”
Cette fois-ci, la coupe est pleine. Après les nombreux courriers envoyés en recommandé aux différentes instances concernées, avec la menace d’entamer une grève de la faim si elle n’obtient pas de réponse avant le 14 avril, Aimée a décidé d’agir. Mercredi 15 avril à 14 h, elle a donc cessé de s’alimenter et occupe depuis la place. « Je suis déterminée et j’irai jusqu’au bout. Si ça va mal, je me ferai hospitaliser, mais je ne m’arrêterai pas ! », lance-t-elle une bouteille de lait à la main, seule boisson qu’elle se permet pour éviter le pire.
Sa demande est simple : « Je veux juste que soit présentée au vote de la prochaine assemblée du syndicat principal, en juin, ma proposition de créer une ouverture sur ce mur : une porte avec des horaires programmés pour contenter toutes les parties ». Elle a fait chiffrer sa demande à travers trois devis différents, tous en dessous des 3.000 €. De son côté, le syndicat principal des Fougères, via les Foyers de Seine-et-Marne, réfléchit sur un possible aménagement de ce détour.
Question à l’ordre du jour
Consciente du problème le maire Marie-Charlotte Nouhaud a pris position pour appuyer la demande. Dans un mail envoyé jeudi à l’association « Mobilité Réduite », elle assure « que ce point sera inscrit à l’ordre du jour de la prochaine assemblée générale », tout en rappelant que « ce sujet est avant tout d’ordre privé, la décision appartenant aux copropriétaires ». La mairie soutient néanmoins l’issue proposée « qui consisterait à faciliter un passage en journée, à condition que celui-ci soit fermé le soir et la nuit ».
Une conclusion arrachée après cinq années de combat et une grève de la faim ! Aimée Dubus reste quant à elle plus que jamais déterminée. « Tant que je n’ai pas reçu une réponse écrite me confirmant que ce point sera débattu lors de la prochaine assemblée, je n’arrêterai pas cette grève de la faim ». Samedi, la lettre attendue n’était pas encore arrivée…