Le drame de trop. Après le décès d’un jeune homme de 24 ans en janvier 2012, percuté par un train alors qu’il traversait casque audio sur les oreilles les voies ferrées sur le passage piéton de la gare SNCF de Bourron-Marlotte – Grez, le nouvel incident tragique survenu samedi 4 avril dernier peu après 20 h qui a coûté la vie à une jeune femme de 31 ans n’aura pas tardé à faire réagir la SNCF.
Passerelle
Venu jeudi 9 avril pour rencontrer élus et représentants d’usagers, le directeur de la ligne R du Transilien et du RER D, Julien Dehornoy, a exposé les solutions que la SNCF compte mettre en place pour assurer la sécurité des voyageurs. « Nous souhaitons faire au plus vite et du mieux possible pour que ce genre d’accident ne puisse plus se reproduire, a-t-il déclaré à l’issue de la réunion, tenue sur les lieux du drame. La décision fut donc prise de supprimer ce passage piéton pour le remplacer par une passerelle. Elle fait l’unanimité au sein de notre entreprise, tant au niveau régional qu’au niveau national. L’étude de faisabilité de ce projet, qui a déjà été lancée, va être accélérée. » Coût et calendrier des travaux ? « On parle d’un dispositif qui coûterait au-delà du million d’euros et qui devrait être réalisé dans les trois ou cinq ans à venir, répond Julien Dehornoy. Mais il est encore trop tôt pour s’avancer sur ces paramètres. La sécurité prime avant tout et c’est pour cela que ce projet doit avancer le plus rapidement possible. »
Actuellement, seuls six signaux lumineux, qui se déclenchent une quinzaine de secondes avant le passage d’un train sur les voies, alertent les usagers de la gare. Des petits pictogrammes rouges jugés « insuffisants » par le maire (SE) de la commune, Jean-Pierre Joubert.
Le tragique accident du 4 avril dernier aurait pu et même dû être évité selon Dominique Bessemoulin, président du Comité de défense des usagers des transports du Sud Seine-et-Marne (Codut) : « Chaque jour, ce sont 19 trains qui s’arrêtent à Bourron-Marlotte – Grez depuis 2009 et le nouveau cadencement. La gare est de plus en plus fréquentée, avec près de 150 usagers qui l’empruntent quotidiennement. Et depuis 2010, nous n’avons eu de cesse de prévenir la SNCF sur les dangers que constitue ce passage piéton qui n’est absolument pas adapté en termes de sécurité. Il aura fallu qu’il y ait un nouveau mort pour que les choses bougent… »
Angoisse
Aux gares voisines de Montigny-sur-Loing et Thomery, des souterrains avaient été installés respectivement en 2006 et 2011 pour parer au type de problème que rencontre actuellement Bourron-Marlotte – Grez. « Cela fait des années que nous réclamions un aménagement permettant d’éradiquer la dangerosité du site, sans réponse positive en raison du coût que cela aurait engendré, souffle Dominique Bessemoulin. L’idée de créer une passerelle est bonne, mais j’espère que cette fois-ci, la sécurité des usagers prendra le pas sur les considérations financières que je peux comprendre, mais qui sont infimes au regard du prix de la vie. » Même espoir du côté de Jean-Pierre Joubert : « Il y aura d’autres réunions prévues avec la SNCF dans les mois qui vont suivre. Notre feuille de route est claire, nous sommes sur la même longueur d’ondes : on ne peut pas, en se rendant en gare, vivre dans l’angoisse permanente. » Un malaise perceptible à travers les paroles d’une usagère, présente en gare jeudi 9 avril, témoin du dramatique accident cinq jours plus tôt et qui avoua au maire bourronais-marlottin qu’elle pensait déménager si la situation ne s’améliorait pas rapidement.
Réclamée depuis plusieurs mois par Jean-Pierre Joubert, l’installation d’un signal sonore aux abords du passage piéton afin de renforcer le dispositif lumineux actuel, ce qui serait « unique en France » d’après Julien Dehornoy, serait selon ce dernier « à l’étude ». À court terme, le directeur de la ligne R a promis des annonces au micro de la part des conducteurs de trains avant l’arrivée à quai à Bourron-Marlotte pour appeler les voyageurs à la vigilance et les prévenir de ne pas traverser le passage piéton tant que les feux sont au rouge. Mais également l’amélioration de la visibilité des signaux lumineux. Enfin, la prévention dans les écoles, collèges et lycées auprès des jeunes quant à la dangerosité de l’utilisation du casque audio aux abords des gares va être renforcée par la SNCF.