FV et l’opposition : le « gentil » contre les « méchants »
Le conseil municipal de Fontainebleau a toujours eu la particularité d’être polémique, avec une opposition de Droite particulièrement féroce. Avant d’être maire, Frédéric Valletoux faisait d’ailleurs partie de ces fameux opposants appartenant pourtant à la même famille politique. Depuis sa réélection il y a un an, le torchon brûle avec le groupe de Richard Duvauchelle, mais aussi avec la socialiste Roseline Sarkissian qui a décidé de se faire entendre. Le dernier conseil a constitué une sorte de sommet d’animosité, avec un maire particulièrement remonté, dénonçant les « aboiements » de Cédric Thoma et brandissant la menace d’attaques au pénal contre les élus ayant soutenu l’association s’opposant au cinéma du Bréau. « Je continuerai de poser des questions précises, techniques, de rappeler à la majorité ses promesses et de dénoncer ses incohérences. Je comprends que le maire préfère les flatteries aux critiques, mais ce n’est pas ainsi que je conçois mon rôle », commente Roseline Sarkissian.
Même sentiment chez les co-listisers de Richard Duvauchelle : « Pouvoir poser des questions relatives à l’ordre du jour, demander un complément d’informations, faire remonter les attentes et opinions de nos concitoyens, être force de proposition s’inscrit pleinement dans le cadre municipal légal et a pour objet de faire avancer le débat. Nos interventions se font sur un ton calme, avec l’utilisation d’un vocabulaire respectueux de la personne et de son titre. Nous attendons la même attitude de la part du 1er magistrat et ses élus ». Il est vrai que le maire n’est jamais aussi à l’aise que quand il s’agit de débattre. Avec une ligne de conduite : rejeter en bloc et dévaloriser tout ce qui peut venir de l’opposition. « Je ne suis pas dupe, ce sont autant de parades que la majorité utilise pour contourner nos questions. Et puis après 10 ans de politique je suis complètement immunisée » conclue Mme Sarkissian.
FV et les médias : les grandes chaînes plutôt que le local
Désormais, pour assurer sa présence dans les médias, Frédéric Valletoux compte sur son statut de président de la Fédération Hospitalière de France. Régulièrement invité par les médias nationaux, de BFM à RMC en passant par Europe 1, il est devenu l’interviewé préféré des grandes chaînes sur les questions de santé, en première ligne par exemple lors de la grève des médecins libéraux. Côté presse locale, c’est devenu nettement plus compliqué. Les lecteurs fidèles de la Rep auront sans doute remarqué qu’il ne répondait plus à nos questions, surtout quand le sujet devient embarrassant comme ce fut le cas pour la piscine. Etonnant de la part d’un maire que beaucoup décrivent comme soucieux de son image. Pas assez docile, la presse locale ? Autant faire l’impasse. Pas grave, une interview chez Jean-Jacques Bourdin l’aidera à assurer son exposition médiatique… sur la scène nationale au moins !
FV et l’UMP : mission reconquête
Suspendu temporairement du parti à plusieurs reprises pour candidatures dissidentes, le maire a fait jouer son carnet d’adresse pendant la campagne municipale pour inviter plusieurs cadres de l’UMP en soutien. Il a perdu aux législatives et n’a pas réussi à placer l’un de ses adjoints pour les départementales. Désormais, le regard est tourné vers les élections régionales où il aura un poste de conseiller à défendre. Et dans cette guerre de courants, tout signe d’allégeance au « patron » Nicolas Sarkozy peut jouer. On l’a vu dénoncer sur Twitter les attaques du « délégué de circonscription UMP » Cédric Thoma avec un hashtag inventé pour l’occasion : « AlloNSarkozy ». La guerre des droites est loin d’être finie !
FV et son équipe : resserrer les rangs
En dix ans à la tête de la mairie, Frédéric Valletoux a vu de nombreux membres de son équipe lui tourner le dos (Nathalie Vailler, Didier Drouin, Jean-Christophe Laprée, Cédric Thoma, Sophie Bruguière…). Certains sont désormais ses plus grands opposants. Un an après sa réélection, il a semble-t-il décidé de ménager ses rangs et de jouer la carte de la cohésion. Sur Twitter, on l’a vu poster la photo d’une réunion de travail avec le commentaire : « quel plaisir de travailler avec une équipe soudée et engagée », dit-il. A noter qu’il semble vouloir éviter de rééditer « l’expérience » Cédric Thoma. Son jeune conseiller avait fini par rejoindre l’opposition, pour désaccords sur les grands projets mais aussi par manque de considération. La nouvelle équipe compte un membre au profil ressemblant : le jeune Thibault Fline, qui joue le rôle de porte-flingue et de porte-parole du maire sur Internet (comme le faisait Cédric Thoma). Mais cette fois, Thibault Fline a droit à des félicitations sur Twitter quand il anime la campagne des candidats UMP aux départementales, et a même été élu conseiller communautaire.
FV et ses projets : rigueur et gros projets
D’un côté, un budget de rigueur avec des baisses de dépenses, et des mesures choc comme la suppression des Naturiales, du feu d’artifice de la Saint-Louis et de la patinoire de Noël. De l’autre, de gros projets gourmands en financements comme la place de la République, la bibliothèque ou l’église. Le maire reste fidèle à sa ligne de conduite, tout en accentuant le côté « combattant » de ses choix budgétaires. Des choix qui entrent bien dans la ligne « UMP », à quelques exceptions près : il s’est offert une petite « folie » avec une nouvelle charte graphique à 26.000 euros qui a fait bondir l’opposition.
FV et l’interco : ménager la chèvre et le chou
Pour mener à bien ses gros projets, Frédéric Valletoux a besoin d’une communauté de communes forte et soudée. Tranchant avec les années de guerre avec la ville voisine, le début de mandat a commencé sur fond d’apaisement et de travail en commun avec le nouveau maire d’Avon Marie-Charlotte Nouhaud. La hausse des impôts intercommunaux a été assumée par les cinq maires, mais lors du dernier conseil, le maire d’Avon a fait part de son désaccord sur la garantie d’emprunt accordée aux Foyers de Seine-et-Marne pour financer les commerces des barre de la Faisanderie. La mesure est passée aux forceps, mais on pourrait y voir un premier avertissement. Avon, qui prône clairement la cohérence avec Fontainebleau, sera vigilant. Mme Nouhaud a d’ailleurs prévenu : « Pas question d’augmenter encore les impôts en 2016 ». Frédéric Valletoux va devoir faire preuve de diplomatie pour éviter que les querelles ne soient de retour au conseil communautaire.
Yoann VALLIER