La République de Seine-et-Marne : La permaculture est un concept peu connu. Pouvez-vous nous le définir ?
Henri Bureau : Il s’agit de la mise en œuvre de systèmes durables et productifs qui peuvent s’intégrer dans tous les environnements humains et naturels. Cela s’applique à toutes les activités de l’Homme, qui sont abordées non pas dans une logique productiviste à court terme, mais plutôt dans une logique pérenne et équitable.
Par exemple, la culture traditionnelle intensive ou même biologique a tendance à dégrader les sols, alors qu’avec la permaculture on est plus dans une logique d’agradation, c’est à dire que l’on rend le sol meilleur, plus fertile, que quand on a commencé à le cultiver.
La ville de Todmorden, en Grande-Bretagne, est arrivée à 83% d’autosuffisance alimentaire en seulement trois ans.
C’était le thème de votre conférence, samedi à la salle François Mitterrand ?
Ma conférence parlait surtout de l’agriculture urbaine qui peut justement s’inspirer des leçons de la permaculture. Je partais notamment de l’action des «Incroyables Comestibles», née en 2008 en Grande-Bretagne, à Todmorden, et arrivée en France en 2012 dans la ville d’Albi. Ce mouvement repose sur l’utilisation des espaces cultivables en milieu urbain au profit de l’ensemble de la communauté. Le principe est simple : des zones cultivables sont entretenues par les habitants bénévolement. La nourriture y est libre d’accès, avec un slogan «Servez-vous, c’est gratuit».
L’objectif est surtout de sensibiliser les gens autour de leur alimentation, tout en leur faisant prendre conscience de l’impact de nos mauvaises habitudes alimentaires sur notre santé, l’environnement ou sur les pays du tiers-monde. Mais aussi aussi leur montrer que des changements sont possibles et à portée de main.
Ces initiatives, à Todmorden et à Albi, ont-elles porté leurs fruits ?
Ca a tellement fonctionné que la ville de Grande-Bretagne est arrivée à 83% d’autosuffisance alimentaire en seulement trois ans. A Albi, dans le Midi-Pyrénées, l’autosuffisance totale est prévue pour 2020. Et dans le reste de la France, ce sont près de 400 communes qui se sont lancées dans ce défi.
Rien ne naîtra sans un mouvement participatif, citoyen et solidaire.
Ces questions ont un vrai impact dans l’imaginaire collectif. Lorsque les gens apprennent qu’un produit fait en moyenne 6 000 kilomètres avant d’arriver dans leur assiette, ils sont surpris. Il faut réapprendre ces questions et valoriser le «manger local», avec des circuits courts.
Le forum de cette semaine à Montereau semble donc être une initiative qui va dans ce sens…
L’initiative est à saluer, sans aucune doute, tout comme les actions du syndicat des ordures ménagères (Sirmotom, ndlr) avec les lombricomposteurs ou les poules. Mais, rien ne naîtra sans un mouvement participatif, citoyen et solidaire. Partout ou ça a été lancé par des élus, ça n’a pas duré. Il faut que ça vienne de la base, avec l’appui du mouvement des «Incroyables Comestibles» et de collectivités locales.
Propos recueillis par Pierre CHOISNET
Huit jours de sensibilisation
L’association «Terre Avenir», soutenue par la Ville, a mis en place le premier Forum Agriculture et Alimentation à Montereau. Pendant huit jours, du 3 au 10 mars, les curieux ont pu découvrir les différents acteurs qui interviennent dans cet action si quotidienne qu’est le fait de se nourrir. Avec des programmes pour tous les publics, l’objectif értait de sensibiliser les visiteurs au développement durable.
L’exposition «Du jardin à l’assiette», dans la salle François Mitterrand, répond à ce principe, en exposant de manière didactique chacune des étapes d’un produit, depuis son extraction jusqu’à son recyclage. Une dernière conférence a par ailleurs été donnée par Bruno Parmentier, lundi de 14 heures à 16 heures à l’auditorium du conservatoire de Montereau, sur le thème «Nourrir l’humanité».