L’avenir de l’apprentissage de l’orthographe et de la grammaire serait-il numérique ? Bruno Mallet, enseignant dans une classe de CE2 de l’école Fénez, au Mée-sur-Seine, en est persuadé. Ce professeur est l’un des pionniers des twittclasses, en Seine-et-Marne. Une méthode qui marche, d’après lui. Le principe ? Une dictée en 140 signes, comme l’impose Twitter, et une mise en ligne sur le réseau social pour une correction collective avec d’autres classes des quatre coins de la France et même du Québec. Une classe dite « miroir » renvoie, à son tour, ses corrections, en publiant des règles de grammaire et d’orthographe appelées « twoutils ». Une façon ludique d’aborder la complexité de la langue française.
Chez les élèves, les « twictées » font l’unanimité.
« C’est comme si on était un maître ou une maîtresse », s’enthousiasme Lilou, 8 ans. « Ce que j’aime, c’est le travail en groupe », raconte Taha. « Des fois, on n’est pas d’accord entre nous, poursuit Matthew. La »twictée« provoque des débats. »
Alors, pourquoi un tel succès ? « Les élèves n’ont pas l’impression de travailler, constate Bruno Mallet. La »twictée« donne du sens à ce qu’ils apprennent. Ils en voient l’intérêt immédiat. Du coup, ils font de gros progrès. »
Des dictées plus courtes
La bonne idée, il la doit à Fabien Hobart, alias @Karabasse77, conseiller pédagogique. L’initatiateur de ces twictées vit à Gretz-Armainvilliers et enseigne depuis douze ans. Professeur depuis huit ans dans un établissement spécialisé avec les élèves qui possèdent des troubles des fonctions cognitives, ce dernier a réfléchi à une autre manière de rendre l’orthographe plus accessible.
“Cela fait longtemps que je réfléchis sur cette question”, raconte-t-il. La chercheuse Danièle Cogis a publié un ouvrage intéressant “Comment enseigner l’orthographe aujourd’hui” où elle décrivait cin grands principaes qui collaient à l’utilisation de Twitter.”
Teacher to teacher
Résultat : les enseignants comme les élèves s’entraident et se perfectionnent sur la toile. Une auto-formation qui permet d’acquérir de bons réflexes.
« Avant d’envoyer leurs twitts, les élèves se relisent et se posent les bonnes questions, remarque Bruno Mallet. Ils voient d’avantage les erreurs des camarades que leurs propres fautes. »
Pratiqué dès l’an dernier dans la classe de Catherine Massicot, à Chevry-Cossigny, cet outil pédagogique a donc fait des émules, à travers le monde. En quelques semaines, les adeptes des « twictées » sont passés de 16 classes à 100. On en compte même au Liban, au Canada ou au Togo. « Cela permet de travailler la géographie mais également d’autres matières comme la géométrie, par exemple », explique Fabien Hobart.
Alors, pas de doute, il y a de l’ambiance dans la classe de Bruno Mallet où on entend rarement les mouches voler au moment de la « twictée » « Mes CE2 font du bruit mais c’est du bruit pédagogique ! »
Les classes intéressées peuvent s’inscrire auprès du compte Twitter référent (tenu par Régis Forgione et Fabien Hobart) : @twicteeofficiel
Pour suivre la classe de CE2 de l’école Fénez du Mée-sur-Seine : @CE2_fenez77