La vidéo a fait le buzz sur You tube et Facebook. Intitulée « Les orphelins de la République », on y voit Salima Yenbou prendre la parole lors d’un rassemblement des secrétaires de section à Paris. Elle y explique qu’elle se sent « oubliée » par la République.
Salima Yenbou a commencé son discours par une anecdote personnelle. « Un jour ma mère m’a dit : “Tu sais ma fille, tu pourras faire ce que tu veux, tu ne seras jamais considéré comme une Française”. Ce jour-là, je me suis battue avec ma mère en disant que si, ça arrivera. Et puis, aujourd’hui avec les événements qui se sont produits, j’ai pris conscience qu’elle avait raison » a-t-elle raconté devant une salle à l’écoute.
Pour cette mère de famille de 40 ans, il est « important de dire les choses ». « La Gauche doit s’emparer de ce sujet. La Droite, elle, en a fait un discours sur l’identité nationale … » explique-t-elle. « J’ai beaucoup d’espoir. Je ne baisse pas les bras. J’aurai pu me contenter de ne rien dire ».
Echec de l’assimilation
La militante socialiste pense qu’il faut se reposer la question de l’intégration. Pour elle, l’assimilation ne fonctionne pas. « L’assimilation fait table rase du passé. Ça ne marche pas. On a des cultures différentes », expose-t-elle. Elle estime qu’il faut « mettre en avant le multiculturalisme ». Dans son discours, elle déclare que le problème de fond est le « manque de reconnaissance par la société des personnes issues de l’immigration ». Evoquant son cas personnel, elle regrette qu’on la renvoie régulièrement à son « arabité ». Elle a, ainsi, questionné l’auditoire sur le fait que dans son département – la Seine-et-Marne -, le président du conseil général a indiqué avoir rajeuni les candidats aux élections de mars prochain, mais que dans son canton on avait choisi une femme de soixante-dix ans à sa place.
Réformer la laïcité
Salima Yenbou indique aussi avoir réfléchi au principe de laïcité. Elle explique que l’application du principe de laïcité a été définie par le rapport Stasi de 2003. Pour elle, la laïcité doit proposer des « règles de vie commune » mais regrette que les seules choses énoncées soient des interdictions. Elle trouve, d’ailleurs, que ce qui est proposé n’est pas « équitable ». « Comment accepter que des élus honorent des saints, mettent des crèches au beau milieu d’une mairie au nom de la tradition judéo-chrétienne alors que ce n’est pas plus laïc que le port du voile ? » a-t-elle demandé au public lors de son discours. Elle aimerait qu’on retire du calendrier les jours fériés liés à un événement religieux et qu’en échange on accorde un crédit de jours fériés à chaque personne.
Embarras au PS
La vidéo a été visionnée plus de 135 000 fois sur You tube et aussi largement diffusée sur le réseau social Facebook. Salima Yenbou a reçu des messages d’encouragements et d’autres nettement moins favorables. Elle déclare, toutefois, qu’elle ne compte pas quitter le PS et qu’elle a toute sa place dans ce parti politique. Du côté des responsables socialistes du secteur, on est quelque peu embarrassés. « Je n’ai rien à dire si ce n’est que Salima a toute sa place parmi nous » déclare Bernadette Cieplik, qui a été élue candidate aux élections départementales face à Salima Yenbou. Lionel Walker, candidat aux côtés de Bernadette Cieplik, déclare qu’il n’a pas participé à la primaire départageant les deux postulantes et que toute personne peut être candidate même à soixante-dix ans. Du côté de Nicolas Alix, secrétaire de la section PS de Dammarie-lès-Lys, qui a organisé le vote, on rejette toute suspicion de tricherie. « Je renouvelle toute ma confiance à Salima et lui dis que des élections il y en aura d’autres », conclut-il.