Cela fait un mois qu’elle a pu rouvrir. La pizzeria Le Tempo, situé rue de la République, se remet petit à petit du sinistre qui l’a contraint à fermer boutique depuis le mois de juin. Une galère résumée en quelques chiffres : plus d’un mètre d’eau dans le restaurant, 70 000 € de dégâts et donc de travaux à effectuer, 105 jours de fermeture, trois employés et une apprentie en chômage partiel pour une perte d’exploitation de 40 000 €.
Ça traîne
Bien qu’il ait pu reprendre le travail le 13 septembre dernier, Stéphane Menin, patron et chef cuisinier de l’établissement, est toujours en attente de signes de vie de son assurance. « Franchement, ça traîne ! Nous avons reçu entre 15 et 20 % d’avance sur les travaux que nous avons entrepris assez rapidement, le reste est encore dans les caisses de l’assurance, détaille-t-il. Nous avons pratiquement tout financé nous-mêmes et avons eu de la chance de tomber sur des entreprises disponibles assez rapidement. On sait d’ores et déjà que nous devrions être remboursés à hauteur de 52 000 € sur les 70 000 €. »
Il se considère même « chanceux » par rapport à d’autres commerces, qui sont « beaucoup à n’avoir pas encore pu engager de travaux faute de nouvelles des assurances et de trésorerie solide et sont donc par conséquent toujours fermés ». Mais parallèlement à son combat pour faire revivre son activité de restaurateur, Stéphane Menin est sur un autre front : celui du collectif des sinistrés du Loing.
120 adhérents pour le collectif
Monté par un de ses collègues entrepreneurs de Souppes-sur-Loing (l’une des communes les plus impactées par la crue) également touché par les inondations, ce collectif est composé de particuliers et de commerçants, et compte 120 adhérents. « Notre impression, c’est que la crue qui a touché le Sud Seine-et-Marne n’a pas été uniquement provoquée par les intempéries, explique le chef cuisinier sulpicien, membre actif du collectif. Certes, il a beaucoup plu, mais pas dans des proportions pouvant justifier une telle montée des eaux, aussi rapide et aussi improbable. »
Et Stéphane Menin de pointer du doigt la responsabilité de Voies Navigables de France (VNF), l’Établissement Public Administratif (EPA) qui s’occupe de près de 6 800 km de fleuves et de rivières ainsi que de nombreux ouvrages : « Pour nous, il y a eu un manquement de la part de VNF en termes de prévention et de gestions des cours d’eau. C’est un sentiment partagé par beaucoup d’entre nous. Il y a eu un gros défaut d’entretien, notamment sur le canal de Briare dans le Loiret, dont une partie de la digue a subi une rupture en raison d’une brèche de près de 70 mètres pour finalement se déverser dans le Loing. La crue, c’est une rivière dont le niveau monte pour déborder et enfler sur une distance assez longue. C’est ce qui est arrivé, mais pas seulement à cause de la météo ! Sans oublier que certains barrages et écluses automatiques, qui doivent réguler et sécuriser les cours d’eau, n’ont pas pu fonctionner car noyés sous l’eau. Le système s’est en quelque sorte autodétruit. Là aussi, il y a quelque chose qui cloche. »
Obtenir réparation
Autant d’accusations que vont devoir prouver les membres du collectif, qui ont fait appel à Me Jean-Charles Negrevergne, avocat spécialisé des procédures collectives au barreau de Meaux dont il est le bâtonnier. « L’objectif, c’est de mandater des experts pour réunir suffisamment de preuves établissant les fautes reprochées à VNF, résume Stéphane Menin. Soit nous intentons une action en responsabilité devant le tribunal administratif, soit nous portons plainte au pénal. Mais il est clair que nous voulons obtenir réparation pour les préjudices subis, qui sont tous différents selon les cas. L’autre but de ce collectif, c’est de faire en sorte que ce que nous avons connu en juin dernier ne recommence pas. Que l’on ne répète pas les mêmes erreurs. »
Renseignements : www.sinistres-du-loing.fr – 06 66 08 81 75