À 42 ans, le petit-fils de Charlie Chaplin et fils des créateurs du « Cirque Bonjour » a la scène dans la peau. En 1998, il fonde la Compagnie du Hanneton avec laquelle il a dernièrement monté « La grenouille avait raison ». Une louche d’humour, une cuillerée de burlesque, une pincée de contorsions et d’acrobaties. Le tout mijoté dans la marmite de l’imaginaire. La recette de James Thierée pour que le charme opère est à découvrir au Théâtre-Sénart, à Lieusaint.
La République de Seine-et-Marne : Vous allez jouer au Théâtre-Sénart dont le leitmotiv c’est « le théâtre exclusivement réservé à tout le monde ». Qu’est-ce que vous inspire cette philosophie ?
James Thierrée : Ça me parle bien étant donné que j’ai la même philosophie. Avec mes origines provenant du cirque, j’aime le rapport du tout public. L’idée que des gens de tout bord, de tout âge, de toute classe sociale puissent profiter d’un moment, ensemble.
À quel type de spectateur votre pièce s’adresse-t-elle ? Les plus terre à terre pourront-ils apprécier ?
Il ne faut pas chercher un spectacle compréhensible au premier degré, c’est certain. Pour apprécier, il suffit d’avoir accès à son imaginaire, à ses sens. « La grenouille avait raison » est une pièce sensuelle, dans le sens des sens, où l’œil, les oreilles, diverses sensations sont sollicités. C’est un théâtre qui ne veut pas imposer son sens mais créer du mouvement émotionnel.
Quelle place le conte tient-il dans votre travail ?
Les personnes du spectacle sont dans une situation d’emprisonnement, avec un objet au-dessus de leur tête. L’idée part de ces contes où les enfants sont kidnappés par des créatures et grandissent loin de leur famille, privés de liberté. En général, je travaille autour d’une histoire et puis je m’en débarrasse, pour réaliser quelque chose de plus instinctif. Je ne sais pas pourquoi on est toujours attaché aux contes. L’idée du spectacle, c’est surtout que le spectateur puisse se raconter des histoires. Le côté narratif n’est pas une obligation au théâtre. Pour cette raison, j’aime savoir ce que les spectateurs ont vu, à l’issu de la représentation. J’entends toujours des histoires différentes. Ils se projettent ou non. Quelque part, j’aime ça, j’aime garder le secret sur mes raisons intimes de la mise en scène. Le mystère permet au spectateur d’être plus ouvert.
Si « La grenouille avait raison » ne raconte pas vraiment d’histoire, peut-on tout de même y trouver une morale ?
La morale reste à définir. Dans le mot « morale », il y a quelque chose de castrateur, qui enferme. En tout cas, s’il y avait un message dans « La grenouille avait raison », c’est celui de cette énergie de vie.
Pourquoi au fond, faites-vous du théâtre ?
J’ai grandi dans cet univers. Pour moi, le théâtre, c’est un temple, une maison, un endroit où on partage des émotions. J’aime être sur scène pour vivre quelque chose qui me traverse. J’aime arriver devant les spectateurs et savoir que quelque chose va se passer. Puis quitter la scène et payer l’addition des contorsions. Le sentir dans tout mon corps. Et renouveler le combat pour partir à la recherche de ce que la grenouille sait…
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