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Presque quatre mois après la crue, des habitants toujours en colère

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Plusieurs habitants de Saint-Pierre-lès-Nemours se plaignent d'avoir été oubliés par les services de l'État et surtout par la municipalité. (© RSM77/Nicolas FILLON) -
Plusieurs habitants de Saint-Pierre-lès-Nemours se plaignent d'avoir été oubliés par les services de l'État et surtout par la municipalité. (© RSM77/Nicolas FILLON)

En lisant le journal lundi 19 septembre, beaucoup de Saint-Pierrois n’ont pas compris. Pourquoi n’était-il pas fait mention de la présence de leur maire (DVD), Bernard Rodier, pour la réunion-bilan des actions mises en place par l’État à la suite des inondations, notamment l’avancée des réparations et des indemnisations. prévue avec le Premier ministre, Manuel Valls, à Nemours le jour même ? Et ce alors que les maires de Nemours, Bagneaux-sur-Loing, Souppes-sur-Loing, Moret-sur-Loing et Saint-Mammès y étaient, eux, invités ? La question reste à ce jour sans réponse, du moins officiellement. Officieusement, c’est parce que Saint-Pierre-lès-Nemours n’a pas, à l’inverse des villes citées précédemment, été sévèrement touchée par la crue en termes de bâtiments publics avec des incidences drastiques sur le budget communal, comme pour Nemours (3 M€ de dégâts), Bagneaux (2 M€) ou encore Souppes (4,2 M€).

Incompréhension

De quoi en tout cas déclencher l’incompréhension du côté de la mairie saint-pierroise, qui s’est fendue d’un communiqué mardi 20 septembre pour témoigner de son désarroi : « Avec stupeur, il nous a été formellement indiqué que le déplacement de Monsieur le Premier ministre s’effectuerait uniquement en partenariat avec Madame la députée-maire de Nemours et les maires de Bagneaux-sur-Loing, Souppes-sur-Loing et Moret-sur-Loing afin de faire le constat des dégâts occasionnés par les événements de début juin. Monsieur le maire, Bernard Rodier ainsi que l’ensemble du conseil municipal, partagent le même sentiment d’abandon que la population est en droit d’éprouver. »

C’est le cas de le dire. Car pour plusieurs Saint-Pierrois – en provenance notamment du hameau de Chaintréauville fortement impacté lors des événements de juin dernier – qui avaient décidé de se réunir vendredi 23 septembre rue du Chemin noir, c’est la colère qui prédomine. Paulette, Nicole, Jean-Marie, Joël, Charly ou encore François, tous retraités : aucun d’eux n’a pu toucher le fonds d’extrême urgence s’élevant à 500 € en moyenne par foyer sinistré qui avait été lancé par Manuel Valls au début des inondations.

On se sent exclus

« On se sent vraiment exclus, comme pestiférés, clame Joël. La commune nous roule dans la farine depuis le début. Le 28 juin, quelques habitants du hameau ont reçu dans leur boîte à lettre un prospectus expliquant qu’il fallait se faire recenser en tant que sinistré en mairie avant le 30 juin en se munissant d’une pièce d’identité et d’un relevé d’identité bancaire. Ma femme y est allée pour se faire enregistrer. Un mois plus tard, toujours rien, au contraire de certaines connaissances. Nous décidons d’appeler la mairie, qui nous explique qu’il était trop tard pour toucher le fonds d’extrême urgence, avant de nous dire qu’il aurait fallu se manifester avant le 21 juin. C’est de l’escroquerie pure et dure. » Et de poursuivre : « Ce que je pense, c’est que la municipalité, pour faire bonne figure alors qu’elle a été complètement dépassée par les événements, a édité ce prospectus afin de faire croire aux habitants qu’il était toujours possible d’obtenir l’aide de l’état, alors que c’était trop tard. On l’a eu dans l’os. »

Jean-Marie va dans le même sens : « La mairie savait très bien que le dernier délai pour pouvoir toucher le fonds d’extrême urgence était le 21 juin. Lorsque j’y suis allé, le 23 juin, pour me plaindre du manque de communication concernant la marche à suivre pour les sinistrés afin de se faire recenser afin d’obtenir les aides de l’état, les services municipaux m’ont répondu qu’ils n’avaient pas le droit de distribuer des informations dans les boîtes aux lettres. Et le 28 juin, je reçois le fameux prospectus pour aller me faire recenser. Mais à ce jour, je n’ai toujours rien reçu. »

Sa femme, Nicole, se questionne : « Quand l’argent va-t-il arriver ? Et pourquoi la mairie ne nous informe pas à ce sujet ? Les maires des communes qui ont rencontré Manuel Valls lui ont soumis des listes d’habitants dans l’attente du fonds, mais qu’en est-il pour nous ? »

Charly, François et Paulette expliquent de leur côté n’avoir « jamais reçu la moindre information » de la mairie à propos du recensement. « C’est vraiment le bouche-à-oreille qui nous a mis au courant », lancent-ils en chœur.

Critiques envers le maire

Franck, conseiller municipal d’opposition, a aussi été touché par les inondations. Près de 550 Saint-Pierrois au total ont été sinistrés selon lui. « La situation est dramatique, souffle-t-il. Le maire n’assume pas ses responsabilités. Le mardi soir, la veille de la crue, alors que je devais me rendre à Nemours pour évacuer une maison qui commençait à prendre l’eau, j’étais allé le voir pour lui demander si nous ne risquions rien à Saint-Pierre-lès-Nemours. Il m’a répondu qu’il n’y avait rien à craindre. Il a clairement sous-estimé le danger potentiel, et c’est notamment pour cette raison que beaucoup d’habitants qui ont eu les pieds dans la flotte se sont sentis démunis. Nous faisons tous des erreurs, certes. Mais Monsieur Rodier aurait au moins pu, après les inondations, convoquer tous les sinistrés en réunion afin de faire son mea culpa, histoire d’au moins rattraper le coup. »

Mais les autres habitants se montrent davantage sévères avec leur maire, parti en vacances en Croatie le mercredi 1er juin, en pleine crue, pour revenir huit jours plus tard. « Dans une lettre ouverte, Monsieur Rodier nous explique avoir sans cesse été en contact avec ses équipes pour gérer la situation, mais ce n’est pas ça que nous attendions de lui, tranche Joël. Il a quitté le navire alors qu’il coulait, dans le privé, il aurait été licencié pour faute grave. Et ses adjoints étaient à la rue. Un d’eux est même passé devant chez moi, pendant que j’avais de l’eau jusqu’aux genoux, avec mes chiens dans les bras pendant qu’un pompier était en train d’évacuer ma femme. Je lui ai dit qu’il me fallait de l’eau potable, mais je n’ai jamais eu de retour. »

Et Jean-Marie de conclure : « On a vraiment les boules. Monsieur Rodier ne peut, ou ne veut jamais nous recevoir en mairie, comme s’il nous évitait. Avec lui, c’est « Courage, fuyons ». C’est bien simple, depuis les inondations, Saint-Pierre-lès-Nemours a un maire fantôme. »

Contacté à de multiples reprises depuis la crue, Bernard Rodier est toujours resté injoignable.


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