Les choses bougent pour la vigne de l’Orangerie Saint-Michel, située au pied de la Tour César. Fin mai déjà, la vigne accueillait sa première soirée-concert pour un moment bucolique collant parfaitement au lieu. Une animation dans une vigne qui annonçait en fait un changement de philosophie dans son exploitation.
Les limites de la vigne patrimoniale
Un changement pris en main par le syndicat des vignerons d’Ile-de-France (SYVIF), présidé par Patrice Bersac. « La vigne patrimoniale va disparaître. Cela représente 80 pieds. A la place, nous allons mettre une vigne professionnelle qui comptera entre 600 et 1200 pieds », explique le vigneron. « On a essayé de travailler sur une viticulture patrimoniale mais économiquement cela coûte de l’argent et on ne peut pas vendre notre production issue de la vigne. Cela limite énormément les recettes. On ne peut pas tenir qu’avec du bénévolat qui est limité alors que nous devons trouver un équilibre financier. Si nous n’avons pas de ressources suffisantes en argent ou en bénévolat, il faut arrêter la vigne patrimoniale », insiste Patrice Bersac avant de préciser « Au lieu de faire disparaître la vigne on change radicalement d’orientation ».
Dernière vendange
Pour cela, les pieds actuels vont être retirés en novembre ou décembre prochain. La replantation interviendra en mars 2017. « Nous sommes très contents de ce changement d’orientation qui va permettre de redonner vie à cette vigne et notamment permettre de développer des ateliers pédagogiques sur le vin et la vigne », confie Maxime Flon, régisseur de l’Orangerie Saint-Michel, qui a donné l’autorisation au syndicat de gérer l’exploitation de la vigne. Avant cela, un nouveau concert pourrait avoir lieu à l’occasion des fêtes de la moisson et une animation pourrait être proposée au moment de la dernière vendange des 80 pieds actuels fin septembre.
Cépage Piwi
Ensuite, il sera alors le temps d’attaquer les choses sérieuses pour la vigne. « Nous allons travailler sur un autre plan de plantation et ainsi adapter les plantations car le site ne va pas servir qu’à un espace viticulturel », indique Patrice Bersac. Confirmant que les soirées concerts peuvent s’inscrire dans la durée et la nouvelle histoire du site. Pour la plantation, Patrice Bersac annonce : « On va sur une démarche expérimentale. On va essayer des cépages résistants aux maladies pour ne pas avoir l’obligation d’utiliser des produits phytosanitaires en milieu urbain et avoir une vigne zéro pesticides ». Pour cela, il compte s’appuyer sur des cépages piwi. « C’est un cépage qui vient d’Allemagne. Il est résistant aux maladies », précise le vigneron.
Aspect pédagogique et production
Avec cette nouvelle orientation, de nombreux défis attendant Patrice Bersac et son équipe sur un terrain qui a vu les vignes décimées par le Phylloxera au 19e siècle. « Nous voulons démontrer la faisabilité d’une vigne professionnelle en milieu urbain avec des activités culturelles. La vigne actuelle est devenue inexistante. Elle n’a plus la signification d’une vigne. dans l’aspect culturel, nous souhaitons développer l’aspect pédagogique pour les enfants et les adultes et montrer tous les produits de la vigne », confie Patrice Bersac. Raisin sec, frais, gelé de raisin, confiture, feuilles de vignes, vinaigre, huile de pépin de raison, eau-de-vie et bien entendu vin seront les produits qui devraient être développés sur cette nouvelle vigne. « Cela sera en petite quantité même si la plus grande partie sera consacrée au vin », précise le vigneron.
Un projet qui pourra passer de la théorie à la pratique en 2019, la vigne nécessitant trois ans de pousse avant la première vendange.
Sébastien LATTANZIO