Scandales et drames à répétition à la Sagep (Sésame Autisme Gestion et Perspectives). Un résident autiste est décédé, visiblement d’une crise cardiaque, dans la nuit de mardi à dimanche, dans le centre de Chelles. Un drame qui intervient en plein débat sur la présence des caméras dans les chambres de la MAS (Maison d’Acceuil Spécialisée), à Nandy, qui a récemment agité la presse nationale.
« Une tornade médiatique »
Didier Solaret, le directeur général de la Sagep, l’association qui gère la MAS à Nandy et le centre de Chelles, vient de prendre une décision radicale. « Nous avons mis fin à l’activité des caméras », annonce-t-il, afin d’enterrer définitivement « une tornade médiatique non fondée », dixit le DG. Ce dernier, pour compenser, a finalement renforcé l’équipe d’éducateurs, avec le recrutement d’une personne supplémentaire.
Un recrutement de nuit
« Deux périodes sont particulièrement angoissantes pour les autistes, explique-t-il. La nuit et en début de matinée. À ce moment-là, les effectifs sont réduits. » Ce n’est donc pas de gaîté de coeur que le système de vidéoprotection a finalement été débranché. Mais la présence de caméras avait fait l’objet d’une réclamation de certains parents auprès du Défenseur des droits, pointant le non-respect de l’intimité des résidents.
Une décision que regrette également l’ancien directeur de la MAS Vercors, Christian Parfaite, qui avait fait installer les caméras en 2007. « C’est une sécurité supplémentaire, assure-t-il. Un jour, par exemple, un jeune était passé par la fenêtre. Il avait neigé et il était glissé. Sa chute avait provoqué une double fracture de la clavicule. C’est grâce à la caméra que nous savons tout ça. Et, par conséquent, nous avions décidé de mettre une serrure à la fenêtre pour que cet accident ne se reproduise pas. »
Malgré ce que les parents affirment, Christian Parfaite maintient qu’ils étaient bien au courant de la présence des caméras dans les chambres des résidents. Alors, pourquoi s’en insurger 9 ans plus tard ? « Avoir une place dans une institution spécialisée dans l’autisme, c’est comme gagner à la loterie, raconte une mère qui a préféré garder l’anonymat. Certains parents, même s’ils étaient au courant de certains agissements, ne parlaient pas. Car ils avaient peur que le contrat d’hébergement de leur enfant ne soit pas renouvelé. »
Ambiance règlements de comptes
Alors, à la MAS, c’est un peu la parole des parents contre celle de la direction. Car dans « certains agissements », il faut entendre « des cas de maltraitance » dont auraient été victimes certains résidents. Les langues se délient. Et des parents dénoncent « des morsures » ou des « doigts écrasés ». Des agissements que ne confirme pas le DG de la Sagep : « depuis que je suis arrivé, en janvier, je n’ai jamais vu des cas de maltraitance. » Et Jean-Luc Bonnefoi, l’ancien directeur général d’ajouter : « Les parents sont en état de souffrance. Certains voient de la maltraitance là où il n’y en a pas. »
Un décès à Chelles
En tout cas, la polémique des caméras n’est pas prête de s’éteindre. En effet, dans la nuit de mardi à mercredi, un résident de 35 ans, est décédé, dans sa chambre, dans un centre à Chelles, géré également par la Sagep. Il s’agirait d’une crise cardiaque. Une information qui reste néanmoins à confirmer. « Le jeune allait bien au début de la nuit, raconte Didier Solaret. Le SMUR a fait tout le nécessaire mais n’est pas parvenu à le réanimer. » Et d’ajouter : « La trentaine est souvent une période difficile pour les plus fragilisés. »
À l’heure où nous bouclons, nous ignorons si la famille du défunt va demander une autopsie.
Le véritable problème réside peut-être dans la prise en charge de l’autisme, en France. Peu de moyens, peu de places et beaucoup de souffrance.