Il occupait une place à part, celle de celui qui faisait de la politique autrement. C’est-à-dire comme tous devraient en faire, avec la double exigence d’exemplarité et de vérité.
Quel souvenir marquant gardez-vous de Michel Rocard ?
J’ai tant de souvenirs avec Michel Rocard. J’ai déjeuné avec lui, il y a un an, avec plusieurs ex-Rocardiens. Il n’aimait pas ce terme. Il nous disait toujours ‘contentez-vous d être socialistes’. Il était comme ça, inscrit dans une Histoire qu’il voulait prolonger.
Dans une récente interview au Point, Michel Rocard a déclaré « Macron, comme Valls, ont été formés dans un parti amputé. Ils sont loin de l’Histoire. » Qu’en pensez-vous ?
Je crois que nous ne venons pas de nulle part. Nous sommes les maillons d’une chaîne. Sans cette profondeur historique, le risque de s’égarer est permanent…
Pensez-vous que, de manière générale, la gauche, y compris en Seine-et-Marne, s’est éloignée des valeurs qui l’ont fondée ?
Je ne vois pas ce qui autoriserait de telles généralités. Quand je me bats pour que soit reconstruit l’hôpital de Melun afin de garantir à tous l’accès aux soins de qualité, quand j’obtenais le pass Navigo à 70 qui fait encore économiser 500€ par an aux usagers du RER, quand j’aide à trouver le financement d’un théâtre magnifique à Sénart pour permettre de donner le meilleur de la culture à nos concitoyens, je me sens particulièrement fidèle aux valeurs que porte la gauche.
Le modèle de sociale démocratie prônée par Michel Rocard vous paraît-il utopique aujourd’hui ?
Pourquoi utopique ? Compliqué sans doute parce que dans notre pays le dialogue social n’est pas vraiment entré dans les moeurs. Mais la voie de la négociation et du compromis est celle qui permet de réformer dans la durée. Ce qui appliqué est ce qui accepté.
Comment, dans votre combat politique quotidien, mettez-vous à profit l’enseignement de Michel Rocard ?
Je déteste le sectarisme. Je déteste la caricature. Depuis quatre ans que je suis parlementaire, j’ai toujours manifesté le même respect pour mes contradicteurs. Dans chaque débat, je cherche à restituer la complexité des sujets, à éviter la démagogie, à donner à ceux qui nous lisent, nous écoutent ou nous regardent, toutes les cartes en main pour qu’ils se fassent leur propre jugement.
Quelle trace Michel Rocard laissera-t-il, selon vous ?
Celle de la réconciliation possible entre le coeur et la raison.
Propos recueillis par Vanessa RELOUZAT