C’est le dossier qui risque de faire parler dans les prochains mois : celui du commissariat de Fontainebleau. Vétuste, inadapté, indigne, inaccessible : les usagers et les élus sont tous d’accord sur le constat. L’urgence est à sa reconstruction, et pas dans dix ans si possible. Le scénario de la caserne Chataux a été écarté par l’Etat, et le maire de Fontainebleau Frédéric Valletoux ne veut pas dépenser l’argent de la commune sur une compétence régalienne.
Le maire d’Avon, Marie-Charlotte Nouhaud, a décidé de mettre un coup de pied dans la fourmilière en proposant une solution radicale : en constuire un tout neuf… à Avon, au sein de son futur éco-quartier de la gare. « C’est la sous-préfète qui me l’avait proposé, nous dit-elle. C’est un dossier qui est bloqué depuis des années et je considère qu’il est temps d’avancer ». C’est donc la ville d’Avon qui porterait un projet loin d’être neutre, car la facture pourrait s’élever jusqu’à 10 millions d’euros ! « Il faut relativiser ces chiffres, tempère Mme Nouhaud. La Région participe, l’Etat également et la ville percevrait une redevance ».
Valletoux pas d’accord
Et ce n’est plus qu’une simple idée : le conseil municipal avonnais a voté son accord de principe. « On pense qu’on peut le faire. La Ville n’est pas endettée, nous avons une gestion prudente. J’ai eu confirmation par la Caisse des dépôts qu’il n’y aurait aucune difficulté. On s’est engagés pour la sécurité, ce serait bien d’avoir la police sur place près des Fougères et de la Butte Montceau ».
Sur le papier, c’est donc un commissariat neuf, pouvant accueillir 200 fonctionnaires qui est en projet. De quoi entrevoir des conditions de travail bien meilleures pour les fonctionnaires de police : « on n’arrête pas de dire qu’il faut soutenir notre police, à un moment, on doit prendre notre part ».
Mais le projet ne va pas plaire à tout le monde. Du côté de Moret notamment qui verrait son commissariat devenir une simple annexe. Le maire de Fontainebleau, lui, ne mâche pas ses mots : « Je suis a priori défavorable, d’abord pour une question de méthode, nous répond-il. Un tel projet concerne plus largement l’ensemble du territoire et cela mérite de nouer un véritable dialogue en amont avec l’ensemble des communes et des élus concernés. Cela n’a pas été le cas : la demande d’un premier rendez-vous avec moi de la part du Maire d’Avon date de mi-mai alors que cela faisait déjà plusieurs mois que Mme Nouhaud portait ce sujet de son côté. C’est une démarche qu’à titre personnel, je trouve un peu déloyale ». Le maire de Fontainebleau évoque de son côté une « possibilité de relocalisation à proximité du site de l’Hôpital ».
Je ne vois pas en quoi ce serait une solution qui nuirait aux Bellifontains
Sur le fond, il émet des « doutes sur la pertinence de l’éloigner du cœur de l’agglomération, c’est-à-dire là où il est le plus accessible, le plus visible et le plus proche de la zone la plus fréquentée aussi bien par les habitants que par les touristes ». Le maire d’Avon, au contraire, y voit une opportunité en terme «d’équilibre du territoire car les deux villes forment une même agglomération. Pour beaucoup de Bellifontains, au Bréau par exemple, ce serait plus près ».
Elle le sait : en défendant son projet, Mme Nouhaud va prendre des coups. Elle est prête : « je ne vois pas en quoi ce serait une solution qui nuirait aux Bellifontains. Il y a eu un dialogue, j’ai écrit à Frédéric, le sous-préfet lui en a parlé. J’espère que nous n’aurons pas ce jeu de ping-pong politique, ce sera assez long comme ça à faire aboutir ». Elle peut déjà compter sur le soutien de la préfecture qui a écrit au ministère de l’Intérieur pour soutenir l’idée. L’étude de faisabilité va être lancée, puis viendront les études techniques. Mais même avec un feu vert de l’Etat, il faudra attendre quatre à cinq ans pour voir un tel projet sortir de terre. Si le retour des querelles entre Fontainebleau et Avon n’ont pas raison de lui avant ça !
Yoann VALLIER