Planté là à l’abri des regards, au centre de l’étang aux carpes du Château de Fontainebleau, on croyait cet îlot oublié des grandes campagnes de restauration. Le pavillon de l’Étang, construit en 1662 par l’architecte Louis Le Vau, succinctement repris en 1807 puis en 1910 pour ces huisseries, a bien souffert… Il serait même « dans un état de conservation précaire, pouvant faire craindre une disparition de ses décors peints intérieurs », annonce par communiqué le château. L’étude lancée sur ces dégradations, n’est pas glorieuse. La restauration complète du pavillon est évaluée à 900 000 € ! « Il fallait stopper en urgence ces délabrements. La peinture se désolidarisait de son support avec d’importantes pertes de matière », explique Anne-Laure Feher, principale restauratrice du site.
Face à la nécessité de pouvoir préserver les lieux avant une intervention majeure et grâce à la générosité de French Heritage Society (50 000 €), premier mécène privé de ce projet, et de la Fondation du Patrimoine (50 000 €), qui bénéficie du mécénat de la société d’assurance CGPA, une première opération a pu être lancée le 2 mai. Celle-ci s’est achevée lundi 20 juin, jours de la remise des travaux, après deux mois passés à remettre en état « ces décors d’une très grande qualité ornementale ».
Un chantier complexe
Du côté des fondations, rassurez-vous, le pavillon de l’Étang est construit sur un petit îlot rocheux. Rien à craindre, c’est du solide ! Le sol en marbre, avec en son centre une grande étoile, a été recouvert de parquet, et la voûte de l’édifice refixée. Durant deux mois, Anne-Laure et son équipe, six personnes en tout, se sont relayées de 9 h à 17 h. « Des journées faites d’une traite, l’accès au site n’est évidemment pas simple », relève-t-elle. Sur place, son équipe s’est occupée de « refixer » les décors pour les conserver, « après les avoir décrassés et nettoyés », l’humidité étant la principale responsable des mauvaises conditions de conservation.
Actuellement, les lambris sont retirés des murs pour être déposés et conservés bien au sec au château.
C’est même un petit catamaran qui est utilisé pour transporter ces précieuses marchandises jusqu’à la berge. Dans un second temps, seul un lambris complet sera réinstallé et exposé dans le fameux pavillon. Pour la suite, une souscription publique va être lancée pour mener cette restauration à son terme. Le plus gros du chantier reste à faire. Encore 800 000 € à rassembler sous le regard bienveillant de Patrick Ponsot, Architecte en chef des Monuments historiques, et Vincent Cochet, Conservateur en chef du patrimoine, chargés de ce nouveau beau projet ! « C’est un très joli chantier sur un site atypique. Participer à sa restauration est vraiment très plaisant et quelque part gratifiant », conclut la restauratrice.