La République de Seine-et-Marne : Combien de Nemouriens ont été impactés par les inondations ?
Valérie Lacroute : Plus de 2 000 Nemouriens ont été impactés par ces inondations et près de 800 ont évacué leur domicile. 220 ont trouvé refuge les premiers jours, mercredi 1er et jeudi 2 juin, au gymnase des Cherelles que nous avions aménagé à titre préventif depuis le lundi 30 mai. Le centre social et la salle des fêtes avaient également été mis en pré-alerte. Des dizaines de familles n’ont pas pu rentrer chez elles ou ont depuis le passage de l’expert dû quitter leur domicile pour insalubrité ou à cause de structures dangereuses pour la sécurité des personnes. Pour certains, c’est plus d’un ou deux mois de travaux qui commence. Tout comme chez les commerçants, qui sont plus de 200 à avoir été sinistrés, à divers degrés.
Combien représente le coût de ces inondations pour la Ville de Nemours, notamment en termes de travaux ?
Les services de la Ville ont lancé depuis un peu plus d’une semaine un plan d’identification des bâtiments et espaces communaux affectés par les inondations en lien avec les experts de l’assurance de la collectivité. Cinq grands secteurs inondés ont été répertoriés et feront l’objet d’une intervention à court ou moyen terme selon la nature et l’ampleur des travaux à réaliser.
Plusieurs mois pour chiffrer
Étant donné l’ampleur des dégâts, il faudra plusieurs mois au moins pour chiffrer précisément le coût des réparations. On peut d’ores et déjà estimer celles-ci à plusieurs centaines de milliers d’euros notamment en voirie puisque la chaussée et les trottoirs se sont soulevés dans de nombreux secteurs. On mesurera l’ampleur de cette catastrophe sur le long terme après la chaleur de l’été et la froideur de l’hiver, des réactions du sol et donc de la structure des bâtiments, de la voirie naîtront. Par exemple, le changement des borniers électriques du centre-ville alimentant notamment le marché, les feux tricolores, est chiffré à 148 000 €. Le ponton fluvial de 80 000 € érigé l’an passé et qui accueille la vedette panoramique le ZIA ainsi que des petits bateaux de plaisance est totalement détruit. Sans oublier les trottoirs, la voirie et le traitement de surfaces, qui pourraient représenter 150 000 € de travaux, et sans parler de la dépollution… Et à noter que les bâtiments communaux les plus affectés sont la bibliothèque ainsi que le gymnase Roux, fermés au public, le rez-de-chaussée de la mairie ou encore l’église.
Quel est le but de la mission d’information parlementaire diligentée par vos collègues de l’UDI dont vous avez récemment fait l’écho ?
Au-delà de la compassion, de la solidarité et du travail formidable accompli par les bénévoles, ainsi que par les services publics, nous avons besoin de comprendre pourquoi la Seine-et-Marne s’est retrouvée sous les eaux il y a 15 jours. À la crue prévisible et annoncée, s’est visiblement ajouté un autre événement, inattendu celui-là : une vague dévastatrice de plus de 600 000 mètres cubes d’eau s’est déversée en quelques instants dans le Loing à cause d’une brèche dans la berge du canal de Briare. C’est cette fracture qui aurait aggravé la crue du Loing, qui a dépassé de 50 centimètres le niveau observé lors de la crue de 1910. Nous avons également besoin de comprendre pourquoi, à Paris, les services de Vigicrues ont annoncé une crue sous-estimée d’un mètre.
Tirer des conclusions
Au-delà de la compréhension, il nous faut tirer des conclusions : le projet de bassins de rétention de la Bassée, qui représente un investissement de 1 milliard d’euros pour la Seine, est-il encore justifié ? Cette somme pharaonique, qui d’ailleurs n’est pas encore mobilisée, ne serait-elle pas plus utilement employée au renforcement des affluents de la Seine plutôt que d’être investie dans un système déjà régulé ? Cette situation soulève beaucoup de questions : cette mission d’information parlementaire permettra d’identifier précisément les raisons de ces événements et de partager les informations au plus grand nombre. Nous devons cette transparence aux Français, qui craignent de voir cet épisode se reproduire, comme aux sinistrés et aux victimes qui aujourd’hui attendent beaucoup de nous en la matière.