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Jean-Michel Puiffe : « Tout est prêt pour agrandir la famille »

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Jean-Michel Puiffe, le directeur du Théâtre-Sénart et Caroline Simpson Smith, la directrice adjointe ©Eric Miranda -
Jean-Michel Puiffe, le directeur du Théâtre-Sénart et Caroline Simpson Smith, la directrice adjointe ©Eric Miranda -

Quel bilan tirez-vous de la saison 2015/2016 ?

Jean-Michel Puiffe : Sans faire les fanfarons, on peut dire que c’est un succès. En fréquentation, on a frôlé les 42 000 billets vendus, soit un bond de 28%. C’est très réjouissant. Plus de 6200 personnes se sont abonnées, ça dépasse toutes nos espérances. La preuve qu’il y avait une vraie attente. Les spectateurs avaient peur de trouver un endroit immense et froid, ils nous disent qu’ils sont rassurés. Ils retrouvent cette même ambiance simple et joyeuse.

Caroline Simpson Smith : L’éclectisme de la programmation paye et permet à chacun de trouver au moins un spectacle qui l’intéresse. Le mélange intergénérationnel est assez fédérateur.

La saison 2, comme la saison 1, est placée sous le signe du partage. Un moyen d’agrandir encore plus la famille ?

J-M.P. : En effet, cette année, il y aura plusieurs moments de convivialité, comme les brunchs du dimanche, l’échange de cadeaux à 5 euros à Noël, ou encore la veillée. On adore ce genre d’événements, ces moments simples où l’on retrouve le plaisir de s’asseoir à côté de l’autre. Ca rend les gens heureux.

C.S.S. : Il y aura aussi des moments où différents publics pourront se rencontrer. Par exemple, le jour de la battle hip-hop, un after est prévu dans le hall. Un after qui coïncide avec l’arrivée des spectateurs pour le cabaret théâtral « Vols en piqué », un autre type d’aventure. Pendant quelques minutes, les publics seront mélangés.

Quel est le souvenir le plus marquant de cette saison ?

C.S.S. : Le 6 novembre, à 20 minutes de l’ouverture, les sièges du premier rang n’étaient toujours pas vissés. Un jour lambda, on se dit que tout ne sera pas prêt dans les temps. Pourtant, j’étais persuadée que ça allait le faire. L’expression « The show must go on », prend alors tout son sens. Le moment était trop extraordinaire. Il fallait que tout aille bien. Et puis, les techniciens de la compagnie sont venus prêter main-forte. Je garde en moi cette image de toute une équipe qui s’est mise à se passer les sièges et à les visser ensemble. Ce soir-là, nous étions une centaine à travailler. À la fin de la soirée, un spectateur, nous a ramené un tournevis qui avait été oublié ! C’était rocambolesque mais intense.

J-M.P. : La première fois où j’ai entendu les voix sur Les Noces de Figaro. Dans la fosse, l’acoustique était parfaite. Nous avons la chance de disposer d’une vraie salle pour la grande musique. Et ça commence à se savoir dans le métier. Ce soir-là, une personne âgée me racontait qu’elle écoutait beaucoup de musique classique chez elle mais que c’était la première fois qu’elle voyait un opéra. Ça m’a beaucoup touché.

La baisse des subventions du conseil départemental* a-t-elle pesé sur la programmation 2016/2017 ?

J-M.P. : Les sommes ne sont pas anodines. Nous avons été amenés à ré-équilibrer en reportant voire même en annulant certains spectacles. On ne s’en rend pas compte car, en 2015, on a ouvert plus tard que prévu. Moins de spectacles étaient programmés. Du coup, ça fait illusion.

C.S.S. : Nous avons programmé moins d’actions culturelles dans les écoles, les collèges et les lycées. Nous sommes en recherche de mécénats. À défaut, des projets vont devoir être supprimés.

Nicole Ferroni, Philippe Torreton, fables comico-politiques : monter une programmation, est-ce un acte politique ?

J-M.P. : Si on prend le terme « politique » dans le sens de la cité, oui. De la même manière que philosopher est un acte politique. Dans les spectacles proposés, les histoires peuvent avoir une morale, une éthique mais elle n’est pas partisane.

La culture est-elle « de gauche » ?

J-M.P. : La question est de savoir où on place les valeurs humanistes, de l’altérité et de la bienveillance. Est-ce que ces valeurs sont réservées à la gauche ? Je ne crois pas que cela soit si simple. La décision de la construction de ce théâtre s’est prise sous la droite. Par ailleurs, Guy Geoffroy (LR), le maire de Combs-la-Ville, par exemple, est un fervent défenseur de cet établissement. Faire un amalgame culture = gauche me semble réducteur.

Comment parvenez-vous à déplacer de grosses têtes d’affiches en banlieue ?

J-M.P. : Pour beaucoup, ce sont des histoires d’amitié. Pourquoi Arditi ? Parce qu’il joue avec Didier Bezace pour qui j’étais administrateur. Pourtant, des propositions, il n’en manque pas. C’est juste une question de rapports humains. Idem pour Philippe Torreton ou Bérénice Béjo. Ce sont des histoires de copains. On a parfois eu la chance d’accompagner des artistes au début de leur carrière. Aujourd’hui, ce sont eux qui nous accompagnent. Et puis, la grande salle du théâtre permet d’accueillir plus de spectateurs. Financièrement, on a changé d’échelle.

C.S.S. : En revanche, dans l’industrie musicale, c’est plus compliqué. Certains chanteurs préfèrent programmer, dans leur tournée, un Zénith plutôt que trois petites salles de banlieue. Heureusement, il reste tout de même quelques artistes qui se font une priorité d’aller à la rencontre de tous les publics.

Propos recueillis par Vanessa RELOUZAT

*Moins 150 000 euros pour le Théâtre-Sénart mais également pour la Ferme du Buisson, à Noisiel.


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