Tous les assureurs du canton de Nemours, ainsi que la Chambre de Commerce et d’Industrie (CCI) et la Chambre des Métiers et de l’Artisanat (CMA) de Seine-et-Marne ont, depuis plus d’une semaine, élu domicile à l’ancien Intermarché de Nemours, rue Joseph-Marie-Jacquard. À la fois sur le parking, avec différentes agences mobiles comme celles d’Allianz, MAAF ou MMA, mais aussi dans l’ancienne galerie marchande, avec des bureaux improvisés chez Axa, Areas, Groupama, le Crédit Agricole, et donc la CCI et la CMA.
Objectif de cette cellule appelée « SOS Inondations », démarrée vendredi 3 juin et qui doit encore rester jusqu’à ce jeudi 16 juin : informer et aider les sinistrés en difficultés, qu’ils soient particuliers, commerçants ou entrepreneurs, dans leurs premières démarches.
La tension monte
Sylvain, agent chez Axa, dont la boutique a elle aussi été touchée par les inondations, a déjà recensé « plus de 200 sinistres » de son côté. « Ce qui m’impressionne le plus, c’est le montant moyen du sinistre déclaré pour les particuliers, qui se chiffre au-delà des 10 000 €, souffle-t-il. Pour l’instant, aucun rapport d’expert ne nous est encore parvenu. Il faut compter encore une bonne semaine pour les voir arriver. Les particuliers qui viennent nous voir ne sont pas en colère, mais on sent que la tension monte, la fatigue aidant. »
Sa collègue, Sandrine, poursuit : « Pour certains, qui ont tout perdu, la situation est vraiment difficile. Et il peut être très compliqué de constater les dégâts puisque souvent, tout est parti à la benne. Du coup, les experts fournissent des avances par chèques pour que les personnes les plus en détresse puissent parer au plus pressé, en rachetant des vêtements pour s’habiller ou un matelas pour dormir. »
Pour Claude et Marielle, venus au pôle assurance prendre des renseignements, l’indemnisation ne sera pas évidente même si le couple, qui habite Saint-Pierre-lès-Nemours et dont la cave a été complètement inondée, préfère relativiser. « Nous avons perdu notre congélateur avec tout ce qu’il y avait dedans, ainsi que des livres et jouets anciens, mais aussi une belle serrure en bois du XVIIIe siècle, mais on a fait la bêtise de tout mettre à la benne sans prendre de photos » explique le septuagénaire. « Mais à côté de ceux qui n’ont plus rien, nous sommes plutôt des miraculés, nous avons plutôt de la chance », glisse son épouse.
22 commerces ont rouvert à Nemours
À Nemours, ce sont « 22 commerces sur 2013 qui ont pu rouvrir », d’après Antoine Carducci, chargé de mission à la direction commerce et tourisme de la CCI et lui aussi présent dans la galerie de l’ancien Intermarché. « Des questions reviennent souvent, détaille-t-il. À quel type d’indemnisation ai-je droit ? Comment déclarer mes pertes de matériel et de stocks de marchandises ? Où trouver des locaux provisoires ? Quelles sont les modalités de mise en chômage partiel de mes salariés ? Qui, entre le locataire et le propriétaire du bail commercial, doit payer la dépollution ? »
Et d’ajouter : « Au début, ceux qui venaient nous voir juste après être revenus pour la première fois sur leur lieu de travail étaient en panique et déboussolés psychologiquement. Ce n’était vraiment pas évident. Mais ce qui me rassure, c’est que les experts en ville n’ont pas hésité à avancer des sommes d’argent allant parfois jusqu’à 5 000 € pour les achats de première urgence. Et puis, la plateforme collaborative mise en place par nos soins, qui fait appel à la solidarité des entrepreneurs épargnés par la catastrophe de manière bénévole, a permis par exemple à une auto-école inondée de trouver un local dans une salle de fitness de Nemours ainsi que des chaises et une télévision pour faire passer le code à ses futurs conducteurs. »
J’ai confiance
Dans le même temps, une cellule RSI (Régime Social des Indépendants) pour les commerçants, artisans et professions libérales, qu’ils soient actifs ou retraités, s’est rendue sur place mercredi 8 juin, afin de recueillir dispenser aux personnes concernées un dédommagement immédiat de 1 000 €, sans attendre les déclarations des autorités compétentes.
Mais pour Pascal Martin-Lavigne, président des Vitrines de Nemours, l’association des commerçants et artisans de Nemours, la principale inquiétude concerne la franchise, qui représente, pour les biens à usage professionnel, 10 % du montant des dommages. « Si nous n’avons pas d’aides, cette franchise pourrait entraîner la fermeture de beaucoup de magasins que cela soit à Nemours ou dans les autres communes sinistrées », craint-il.
D’un point de vue global, Antoine Carducci espère que la fermeture des commerces et des entreprises du secteur ne s’éternisera pas : « Il va falloir avoir les reins solides pour certains, mais j’ai confiance : le dynamisme qui était présent avant les inondations va se réinstaller ».
Pratique
« SOS Inondations » – 01 74 60 51 38 – sosinondations@seineetmarne.cci.fr