La crue exceptionnelle du Loing dans la nuit du mardi 31 mai au mercredi 1er juin n’a pas fait que des ravages dans les habitations et les commerces, mais aussi et surtout dans les têtes. C’est pour cette raison qu’une cellule d’accueil psychologique a été mise en place pour les sinistrés de Nemours et des environs, qu’ils soient de Bagneaux-sur-Loing, Épisy, Grez-sur-Loing, Moret-sur-Loing, Saint-Pierre-lès-Nemours ou Souppes-sur-Loing. Elle se tient depuis une semaine dans la salle de l’école de musique, au niveau de la salle des fêtes. Il est possible de s’y rendre sans rendez-vous de 14 h à 17 h mercredi 15 et vendredi 17 juin.
C’est Gaëlle, psychologue de 26 ans, qui coordonne cette cellule composée d’une demi-douzaine de personnes. « Notre rôle est de soutenir ceux qui ont été touchés de près ou de loin par les inondations, explique-t-elle. Être une oreille attentive, expliquer qu’il y aura un après, aider les personnes à se reconstruire dans cette nouvelle vie post-inondations, les orienter vers les assurances ou la mairie quand il le faut. Chacun a vécu les choses de manière différente. Il y a les sinistrés qui habitent depuis des décennies au même endroit, qui ont eu plus d’un mètre d’eau à leur domicile et qui ont dû attendre de longs moments avant d’être évacués, pris au piège par la montée du Loing, avant de passer plusieurs jours loin de chez eux. Ces gens-là ont tout perdu : photos de famille, souvenirs, pièces d’identité, factures, biens… Mais il y a également les bénévoles, parfois eux-mêmes sinistrés mais qui ont tenu à aider ceux qu’ils sentaient davantage en détresse. Ils sont épuisés moralement et physiquement, et ont besoin de craquer après avoir tellement pris sur eux et encaissé le malheur des autres. »
Pas préparé à tout ça
Florent*, justement, fait partie de cette dernière catégorie. Employé municipal lui aussi sinistré, il n’a pas hésité à donner de sa personne pour aider à évacuer des Nemouriens en panique pendant la crue. « J’ai pris la détresse des gens en pleine face, raconte-t-il au sortir de la cellule psychologique. Je suis quelqu’un de normalement assez solide, je prends beaucoup sur moi pour avancer. Mais après avoir passé une semaine dans l’eau, la boue, vu tous ces visages tristes et paniqués, ne plus reconnaître ma ville et savoir que j’avais également perdu beaucoup avec ces inondations à mon domicile, mon corps et ma tête ont dit stop. Je n’étais pas préparé à tout ça. Personne ne l’est. »
Mais la cellule psychologique ne fait pas qu’accueillir ceux qui en ont besoin. Une petite équipe mobile intervient également auprès de la population sur place. « Nous avons des collègues de la Protection civile qui s’occupent du nettoyage en ville, et lorsqu’ils pensent qu’une personne est en détresse et qu’elle n’a pas les moyens de se déplacer jusqu’à nous, ils nous le signalent pour que nous puissions la prendre en charge », détaille Gaëlle.
Pour le moment, la cellule psychologique n’a pas encore accueilli « beaucoup de monde », indique la psychologue, qui ajoute : « Les sinistrés sont encore trop occupés à nettoyer chez eux et à constater les dégâts. C’est à partir de ce lundi qu’il devrait y avoir plus de sollicitations. Mon conseil, c’est de ne pas attendre le vague à l’âme. Il faut extérioriser tout ce qui a pu être accumulé, vider son sac pour repartir plus léger. »
*Le prénom a été modifié