Sur le Champs-de-Mars, le bruit des bennes et des tractopelles a remplacé celui du marché qui doit se tenir en temps normal le samedi. À la place, un gigantesque dépotoir, haut de trois mètres et qui s’y étend sur une centaine. C’est là que sont entassés provisoirement tous les déchets des foyers, commerces et équipements qui ont été sinistrés lors de la crue exceptionnelle du Loing, afin de désengorger les rues, trottoirs et chaussées de la ville.
On y trouve de tout : meubles abîmés par les eaux, jouets cassés, vêtements déchirés…
Dans la rue de Paris, la plus touchée par les inondations, on aperçoit encore ça et là, sur des places de parking, quelques bennes à l’intérieur desquelles les habitants déposent leurs déchets pour que le tout soit emmené par des agriculteurs bénévoles du coin, aidés par la FDSEA 77 (Fédération Départementale des Syndicats d’Exploitants Agricoles) au Champs-de-Mars. Mais aussi des camions de pompage, une opération possible depuis une semaine et la décrue avec le niveau d’eau désormais inférieur à trois mètres.
La voirie, bien endommagée, est encore pleine de poussière et de traces marronâtres, stigmates du passage du Loing sur la commune, déclarée en état de catastrophe naturelle par arrêté interministériel.
La vie reprend son cours
Plus globalement, la vie à Nemours commence peu à peu à reprendre son cours. Les écoles Sainte-Marie et Aujard ont pu rouvrir il y a quelques jours, de même que la mairie, où tous les habitants peuvent désormais récupérer leurs passeports et carte d’identité au service d’état civil.
Le réseau d’électricité et d’eau potable est complètement rétabli sur la commune, de même que le trafic des bus scolaires, des lignes urbaines et de la gare SNCF.
Et parmi ceux qui ont payé le plus lourd tribut dans le centre-ville, on retrouve les commerçants et artisans de Nemours, comme Norbert Fabbro, co-gérant du magasin franchisé Alain Afflelou, à deux pas de l’église Saint Jean-Baptiste de Nemours, elle aussi en partie inondée.
Devant l’enseigne trône un tas de gravats, « un des derniers », dixit l’entrepreneur, installé à Nemours depuis 2010 et qui a mis au chômage technique ses neufs salariés. « Cette crue a été épouvantable, soupire-t-il. Dans le magasin, tout a été dévasté, et tout est à refaire : le sol, les murs, le plafond. Cela représente trois à six mois de fermeture, alors que notre magasin était en évolution constante et que 2016 promettait d’être une belle année. Heureusement, nous avons pu sauver toutes les montures et mettre à l’abri nos dossiers administratifs et clients car la municipalité avait fait le nécessaire en termes de prévention. Et nous avons trouvé un local provisoire à titre précaire, au 16 rue de Paris, à 100 m du magasin initial, qui sera ouvert à partir de ce mardi 14 juin. »
Reconstruction
Un peu plus loin, rue Gautier 1er, rares aussi sont les commerces à avoir pu rouvrir juste après les inondations. Ils sont 22 sur 213 dans ce cas. Le fleuriste Les Jardins du Loing, immergé à 70 cm, fait partie de ceux-là, en ayant repris son activité dès le lundi 6 juin. « Nous avons fait preuve d’anticipation la veille de la crue après avoir été avertis par la mairie, en surélevant toutes nos fleurs et plantes, explique Patrick Fontaine, qui gère le fonds de commerce depuis dix ans. Et puis, nous avons rapidement nettoyé de fond en comble notre boutique. Je suis persuadé que l’activité commerciale repartira sur Nemours. Même si pour certains, la situation est davantage compliquée, comme pour les magasins de bouche et de prêt-à-porter, dont les produits ont été pollués aux hydrocarbures et qui ont été obligés d’entamer des procédures longues et coûteuses de décontamination. »
En face, le magasin Domus Insulae, inauguré il y a à peine quelques semaines, n’a pas eu la même chance que son voisin fleuriste. Mais, preuve de la solidarité qui n’a cessé de se manifester depuis le début des inondations, la boutique de home staging propose de fournir de l’électroménager et du mobilier « à prix coûtant » pour ceux qui ont été sinistrés.
Ces derniers peuvent également se rendre à la cellule psychologique mise en place à l’hôpital de Nemours, ou bien au pôle assurance organisé sur le parking et dans la galerie de l’ancien Intermarché. Histoire de pouvoir commencer l’étape cruciale de la reconstruction, qu’elle soit mentale ou mobilière, après plusieurs jours d’angoisse qui auront marqué la vie de toute une ville.
Nicolas FILLON
@Nicolas_Fillon