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Inondations : Souppes-sur-Loing, « la catastrophe »

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À Souppes-sur-Loing, 800 personnes ont été évacuées à cause des inondations. (© RSM77/Nicolas FILLON)
À Souppes-sur-Loing, 800 personnes ont été évacuées à cause des inondations. (© RSM77/Nicolas FILLON)

Souppes-sur-Loing a été l’une des communes de Seine-et-Marne les plus touchées par les inondations. Le centre-ville a été littéralement submergé par le Loing.

« Tous les médias étaient tournés vers Nemours, mais à Souppes, c’était aussi la catastrophe ! » Pierre Babut, le maire (DVG) de Souppes-sur-Loing, a la voix quelque peu tremblante ce vendredi 3 juin. Cela fait depuis la nuit de mardi 31 mai à mercredi 1er juin et la crue exceptionnelle qui a touché sa commune qu’il n’a « quasiment pas dormi ».

C’est notamment en ville basse, place de la République, rues du-21-août, Voltaire, Victor-Hugo et Pasteur que les dégâts ont été les plus considérables. Sans oublier le hameau des Varennes, lui aussi sévèrement touché, et où une femme de 86 ans a été découverte dans son pavillon inondé. Mais l’examen médico-légal pratiqué vendredi 3 juin a révélé que le décès par noyade ne pouvait pas être confirmé d’après le parquet de Fontainebleau.

On n’y croyait pas

« À certains endroits, l’eau atteignait les deux mètres de hauteur, détaille l’élu. Les voies de chemin de fer ont été pendant un temps complètement submergées. Même la cour de la mairie a été inondée, ce qui n’était jamais arrivé auparavant. On a largement dépassé la crue de 1910. Nous avions fait le choix mardi soir de faire le tour du centre-ville avec un haut-parleur en voiture pour demander aux habitants de rehausser leurs meubles et de protéger leurs biens, mais jamais nous ne pensions en arriver là. On n’y croyait pas. Quand l’eau a commencé à se propager, j’ai fait fermer les parkings et les rues qui allaient être touchées. »

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« On a largement dépassé la crue de 1910 », explique le maire (DVG) de Souppes-sur-Loing, Pierre Babut. (© RSM77/Nicolas FILLON)

Les premiers habitants évacués – un peu plus de 800 au total – ont d’abord été placés à l’espace culturel Victor-Prudhomme de cette commune de 5 494 habitants située en zone marécageuse. « Mais l’eau montait tellement vite que vers 1 h du matin le mercredi, j’ai réquisitionné les deux écoles du Boulay dans la ville haute pour y faire partir tout le monde, raconte Pierre Babut. Là-bas, les gens ont pu s’y reposer, avoir à manger et des vêtements secs. Un refuge annexe s’est aussi créé à la maison familiale et rurale. En tout, près de 200 personnes ont été accueillies à ces trois endroits. Les autres ont été hébergés par des proches ou habitants solidaires qui n’ont pas été impactés par la crue. » Une navette a été mise en place pour que les sinistrés puissent aller se doucher au Cos-CRPF (Centre d’orientation sociale-Centre de Réadaptation Professionnelle et de Formation) de Nanteau-sur-Lunain.

Au total, 45 commerces ont été touchés par les inondations.

Pallier aux manques

Pour pallier au manque d’eau potable, plusieurs milliers de bouteilles ainsi que deux camions-citernes ont été acheminés à Souppes-sur-Loing par la Saur, qui gère les réseaux d’eau potable de la commune et dont les installations, inondées, sont momentanément à l’arrêt. « Des citernes d’eau sanitaire et des bennes pour y déposer ses ordures ont également été mises à disposition par les agriculteurs de Souppes et des environs, énumère l’édile. Question nourriture, les commerçants d’Égreville ont aussi apporté leur contribution en nous envoyant un camion de denrées alimentaires. »

Et pour faire face à la coupure d’électricité, un groupe électrogène est installé en mairie, très utile notamment pour recharger ordinateurs et téléphones portables. Enfin, les médecins ont, comme tout le monde, mis la main dans le cambouis en assurant le renouvellement d’ordonnances des patients en situation délicate. Un cabinet, celui du Docteur Bauwens, a même rouvert depuis samedi matin.

Quartiers fantômes

Jeudi 2 juin, alors que la décrue commençait timidement à s’amorcer, les rues du centre-ville étaient encore sous l’eau. Ce jour-là, il n’y reste quasiment personne. Pas un bruit dans ces quartiers fantômes. Rue du 21-août, on distingue à peine les poignées des portières de quatre voitures flottantes. Les maisons alentours ont presque toutes été abandonnées.

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À son balcon, au premier étage, Céliane contemple avec désolation le spectacle. « Mon rez-de-chaussée est inondé, explique la quadragénaire. J’ai mon bébé de 17 mois avec moi, et je n’ai plus beaucoup de bouteille d’eau potable. J’espère que la situation va vite évoluer. »

Céliane, prise au piège chez elle rue du 21-Août avec son bébé de 17 mois. (© RSM77/Nicolas FILLON)
Céliane, prise au piège chez elle rue du 21-Août avec son bébé de 17 mois. (© RSM77/Nicolas FILLON)

Arrivé au croisement de la rue Voltaire, impossible de s’engager, même en combinaison : l’eau y est trop profonde, environ 1,80 m de hauteur, contre 1,50 m quelques pas auparavant. Direction donc rue Victor-Hugo, avec toujours le même décor : habitations inondées et voitures submergées. Justement, un couple sort de sa maison. Malgré l’entrée qui se fait par un escalier, l’eau a réussi à se faufiler chez ces retraités qui profitent de la légère accalmie pour quitter leur domicile avec quelques affaires sous les bras.

Dégâts monstrueux

Un peu plus loin, on retrouve Yvette, 77 ans, bien abritée au premier étage de son pavillon. « J’attends tranquillement que l’eau descende, indique-t-elle tranquillement, cigarette à la main. Il n’y a plus d’électricité, mais on fait avec. »

Yvette, 77 ans, philosophe : « On fait avec. » (© RSM77/Nicolas FILLON)
Yvette, 77 ans, philosophe : « On fait avec. » (© RSM77/Nicolas FILLON)

Au bout de la rue, un camion de pompiers remorque une barque utilisée pour des missions de reconnaissance servant à évacuer les personnes qui ne l’avaient pas souhaité.

Un camion de pompiers, au bout de la rue Victor-Hugo. (© RSM77/Nicolas FILLON)
Un camion de pompiers, au bout de la rue Victor-Hugo. (© RSM77/Nicolas FILLON)

« On repart à Bagneaux-sur-Loing où la situation est très tendue », explique un sauveteur, tandis qu’un de ses collègues satisfait ses besoins dans le Loing. « Je me dis qu’avec tout le fioul qu’il y a dans l’eau, ça ne va pas changer grand-chose de pisser dans la flotte » plaisante ce dernier. Des sapeurs-pompiers qui sont intervenus « très rapidement », tient à souligner Pierre Babut, « satisfait » de l’arrivée de plusieurs CRS vendredi 3 juin pour patrouiller avec leurs bateaux Zodiac dans les rues sulpiciennes afin de décourager les pillards qui séviraient depuis la crue.

Place de la République, la scène n’est peut-être pas aussi terrible qu’elle a pu l’être la veille, mercredi, mais reste tout aussi saisissante : l’église n’est plus au centre du village, mais au beau milieu de la rivière. Autour, les banques, les restaurants et les petits commerces sont sous l’eau.

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Alors que dans une rue adjacente, quelques personnes tentent de capturer des poissons rouges qui ont profité de la crue pour s’échapper de leur bocal.

Une bénévole, pas loin de la place de la République, en train de capturer des poissons rouges qui ont profité de la crue pour s'échapper de leur bocal (© RSM77/Nicolas FILLON)
Une bénévole, pas loin de la place de la République, en train de capturer des poissons rouges qui ont profité de la crue pour s'échapper de leur bocal (© RSM77/Nicolas FILLON)

« Il est impossible de chiffrer les dégâts, monstrueux, mais il faudra des mois, peut-être des années, pour retourner à la vie normale, souffle le maire. Juliette Méadel, secrétaire d’état chargée de l’Aide aux victimes, m’a assuré que l’état de catastrophe naturelle sera reconnu pour Souppes-sur-Loing. Il fallait bien ça vu tout ce que la ville vient de traverser. »

Le parc de l’Emprunt sous l’eau

Au parc animalier de l’Emprunt qui abrite 400 espèces d’animaux, situé à l’entrée de la commune, la situation était également dramatique, jeudi 1er juin. On aperçoit passer avec le courant de nombreux cadavres d’ânes, de biches, renards et autres sangliers, pris au piège par la montée des eaux. Au loin, une jument, juchée sur un petit monticule de terre encerclé par le Loing, attend qu’on vienne la chercher. « Quelle tristesse, lâche avec désarroi Mégane, 21 ans, qui travaille au haras de Ceriseaux. Heureusement, nous avons récupéré 70 animaux au total, des chamois, des moutons, des chèvres, des mouflons mais aussi des poneys. »

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Marie-Laure, la quarantaine et les larmes aux yeux devant la situation, est en colère. « Les quelques activités sympas qu’il y avait à faire à Souppes, comme ce parc ou encore le bowling, ont été dévastées par le Loing, c’est horrible, peste-t-elle. Globalement, il y a eu un souci au niveau de l’organisation, et un gros sentiment d’abandon. J’habite avenue du Maréchal-Leclerc et nous n’avons même pas été prévenus de ce qu’il allait se passer alors que la préfecture avait alerté la mairie dès le mardi soir. »

« Nous avons fait tout ce que nous pouvions faire, et je trouve inadmissible que l’on puisse nous reprocher quoi que ce soit alors que ce qui est arrivé est de l’ordre de l’exceptionnel, rétorque Pierre Babut. En ce qui concerne le parc, il faut savoir que des agents municipaux y sont allés, l’eau jusqu’au cou, au péril de leur vie, pour sauver des animaux qui pour certains refusaient de venir avec nous. Où étaient les gens qui se plaignent aujourd’hui, au lieu de nous avoir aidés ? Malgré tout, je tiens à saluer la solidarité des habitants entre eux, ainsi que celle des maires des communes voisines, qui ont été d’un grand soutien matériel. »


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