La crue de 1910 se déroule du 20 janvier au 2 février. Le pic de la crue s’est effectué dans la nuit du 26 au 27 janvier et a atteint 6m45, il reste à ce jour le record à Melun. Cette crue a touché tous les secteurs et les branches d’activité nationale. Des transports à l’arrêt, les bateaux sur les quais qui empêchent le pétrole venant de Rouen par la Seine, d’arriver à Melun.
Pour remédier à ces problèmes d’acheminement, des voitures de transport sont mises en place pour assimiler le pétrole dans les villes. Les routes à cause de la neige et des inondations, sont difficilement praticables comme l’expliquait un journaliste de la République en 1910.
« Nous sommes d’abord allés à Vaux-Le-Pénil.(…) Ce n’est pas sans peine que nous avons pu arriver jusqu’au village à cause de la neige qui avait été durcie par le froid qui rendait ainsi le chemin glissant. (…) Il fallut user de beaucoup de précautions pour ne pas se rompre le cou ». A Melun, l’Almont a inondé plusieurs rues comme celle des trois moulins « la rue des trois moulins est coupée depuis samedi et c’est en barque qu’on peut la parcourir sur sa plus grande longueur » écrivait la République. Les habitants ont dû fuir leurs logements et s’abriter dans les locaux prêtés par la ville de Melun. Suite à cela, le conseil supérieur d’hygiène prend certaines mesures de sécurité comme éviter de boire l’eau et de consommer des aliments en contact avec l’eau.
Aide et solidarité
Les inondations ont marqué les habitants de Seine-et-Marne. Le préfet de Melun reçut une aide de l’Etat de dix mille francs , une somme importante pour l’époque. De plus, certaines banques ont distribué deux mille cinq cents francs à répartir entre les sinistrés du département. Touchés par ce fléau, les Seine et Marnais ont ouvert leurs portes à leur prochain. L’Etat a aussi mobilisé des troupes pour aider les populations, « un détachement du 18e dragons est parti hier pour Nemours porter secours aux habitants de cette ville ». Cette générosité va au-delà de nos frontières, les pays limitrophes et voisins ont été d’importants donateurs pendant cette catastrophe. La Croix-Rouge italienne a, elle, fait don de cinquante mille francs à la France. Mais encore, le Roi d’Italie, le tsar de Russie et le Roi de Belgique ont donné respectivement dix mille francs. Un élan de générosité surprenant avec le recul historique.
L’après crue
Après plusieurs jours sous les eaux, le 2 février 1910, la décrue s’amorce et petit à petit la Seine se retire, laissant derrière elle un département insalubre et recouvert d’un limon boueux. Les rues de Melun ont dû être nettoyées, il a fallu reconstruire les maisons et remplacer le mobilier… Dans les journaux, la gloire est revenue aux sapeurs-pompiers et forces armées mobilisées pour leur courage et l’accompagnement auprès des victimes.« Nous avons rempli une partie de notre devoir en félicitant, dans notre dernier numéro, les hommes courageux et bons qui se sont dévoués en portant secours à nos concitoyens éprouvés par le terrible fléau » la République le 30 janvier 1910.
Le bilan de cette crue fut très lourd financièrement. Environ sept millards de francs de dégâts juste dans la région parisienne.
Aujourd’hui la Seine-et-Marne a été meurtrie. Elle se remet doucement de cette crue. Et comme autrefois les Seine-et-Marnais sont restés solidaires.
Aurélien Rousselet
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