Vendredi soir, le président Serge Moro, la voix serrée, nous lâche au téléphone la phrase que tous redoutaient : « c’est fini ». Toute la semaine, plusieurs réunions se sont tenues en mairie pour tenter de sauver le Racing Club du Pays de Fontainebleau. Des pistes de travail lancées, des arrangements à trouver… sans réel résultat. Car le club part de loin, trop loin pour imaginer qu’il puisse repartir la saison prochaine.
Un club centenaire, une institution bellifontaine qui a connu des heures dorées avec la deuxième division, qui compte 500 licenciés, 30 équipes, et qui avait fait de la formation une spécialité. 28 jeunes talents ont signé en centre de formation, une académie devait voir le jour. Mais de tout cela, il risque de ne plus rien rester. En cause, les problèmes récurrents de trésorerie.
En mai, le club avait été privé de match pour ne pas avoir payé dans les temps les frais de Ligue. Les 28 éducateurs ne sont plus payés depuis janvier et la plupart ont déjà quitté ce navire qui prend l’eau.
Les reproches fusent
Et le temps ne joue pas pour le club. Le RCPF a déjà dépassé les délais pour inscrire ses équipes pour la saison prochaine. « Je suis intervenu personnellement pour donner un délai supplémentaire au club, nous dit Daniel Raymond, adjoint aux sports. La date limite était vendredi. Au pire ce lundi ». A l’heure où nous bouclons cette page, Serge Moro était résigné : « Je ne vois pas d’issue. J’ai mis 50.000 euros personnels pour sauver le club, je ne peux plus ».
La ville, dans son plan d’économie, a réduit considérablement la subvention du club, passant de 54.000 à 42.000 euros. « On a avisé le club un an à l’avance. Je comprends les ambitions sportives du club, mais il faut savoir être raisonnable. Il faut peut-être revoir la politique du club et sa gestion. On est là pour les aider, mais ils ont clairement besoin de se restructurer », dit Daniel Raymond.
Sans volonté, ça ne sert à rien
Toute la semaine, des pistes ont été étudiées pour sauver le club du naufrage : de nouveaux créneaux pour les entraînements, un espace à partager pour accueillir des événements et mettre une buvette, le versement de la totalité des recettes publicitaires au club. La ville, cependant est restée ferme dans ses discussions en exigeant un audit financier. «Nous n’avons pas de club-house alors que la Ville a refait le stade. La Ville n’est quand même pas pauvre à ce point, soupire Serge Moro. Ce n’est qu’un exemple. Sans volonté, ça ne sert à rien ».
On comprend que des deux côtés, les reproches fusent, à peine voilés. La communication entre l’adjoint aux sports et le président, notamment, passe mal : « On ne peut pas me reprocher de ne pas aimer le football, et ce club, se défend Daniel Raymond. J’ai obtenu une subvention exceptionnelle de 15.000 euros l’année dernière. Je vais à toutes les assemblées générales, je vois les directeurs. Mais il faut qu’ils comprennent que nous n’avons pas d’argent supplémentaire à leur donner, et que la Ville ne peut pas gérer le club à leur place ».
Voici le RCPF à la croisée des chemins. Il risque de se retrouver sans compétition la saison prochaine. De quoi partir sur de nouvelles bases ou au contraire siffler la fin du match ? L’assemblée générale de jeudi donnera un premier élément de réponse.
Yoann VALLIER