La République de Seine-et-Marne : vous animerez la conférence sur la place des Français de confession juive dans la République. Quel constat de la situation dressez-vous aujourd’hui en Seine-et-Marne ?
Charles Goldstein : la Seine-et-Marne, en comparaison de sa taille, a une relativement faible communauté juive avec sept synagogues dans le département. En matière d’antisémitisme grave, la communauté juive est moins touchée que d’autres départements comme la Seine-Saint-Denis ou le Val-de-Marne. Nous sommes plus à l’abri, si j’ose dire, mais le climat actuel n’est pas rassurant.
Comment la communauté perçoit cela au quotidien ?
La communauté juive est inquiète car il y a une continuité temporelle des actes antisémites depuis la Shoah. En 1980, l’attentat contre la synagogue de la rue Copernic. En 1982, l’attentat de la rue des Rosiers, l’affaire Ilan Halimi ou plus récemment les violences à Sarcelles. Les lieux de cultes sont surveillés en permanence et cela soulève un problème plus profond de démocratie et de place dans la République.
« Insultes et menaces »
Et à l’échelle locale ?
Il y a quelques années, la synagogue de Melun avait été la cible de dégradations antisémites, probablement liées à des néonazis. Plus récemment, une cellule terroriste a été démantelée en Seine-et-Marne (la cellule de Cannes-Torcy, ndlr). En Seine-et-Marne, ce sont des actes antisémites du quotidien, des insultes, des menaces. Des éléments qui continuent de favoriser la peur et qui expliquent le départ de familles vers Israël ou encore le Canada et les Etats-Unis où il est plus facile de vivre son culte.
Quelles solutions voyez-vous pour lutter contre cet antisémitisme latent ?
Le rôle de l’éducation national est primordial. Quand on ne peut pas parler de la Shoah dans certaines écoles ou encore ne pas faire respecter de minutes de silence après les attentats de Charlie Hebdo, c’est qu’il y a un problème de fond. L’éducation doit être à la base pour améliorer les choses, mais je suis pessimiste.
Les rencontres interconfessionnelles peuvent être une solution ?
Il faut les faire perdurer, c’est une nécessité vitale. La magnifique rencontre qui s’est déroulée à la mosquée de Melun est le genre de contact qu’il faut poursuivre dans le temps. L’acceptation de l’autre et la connaissance des autres religions sont fondamentales pour combattre l’antisémitisme mais aussi plus largement toutes les formes de racisme.
Renseignements : conférence jeudi 2 juin à 20 h 30 à l’Espace Saint-Jean de Melun. Entrée libre.