« Trop plat ! » « Elle chante avec le nez. » « L’arrangement est top mais c’est faible vocalement. » « L’intention y est mais tout le monde n’est pas Bashung ! ». « C’est juste mais ça manque d’originalité. » « Une photocopie des Doors qui n’apporte rien. » « Il a mis un mouchoir sur son micro ou quoi ? »
Ils sont impitoyables les membres du jury du tremplin musical organisé par le Live Factory, à Lieusaint. Il faut dire que sur les 100 artistes amateurs qui ont envoyé leur maquette, dix seulement devront sortir du lot.
Lovés dans le sofa du salon, dans des odeurs de café chaud et de viennoiseries, les professionnels de la musique réunis mercredi 6 avril, doivent opérer à une sélection drastique, dans une ambiance très « brainstorming ».
Le principe de cette première phase de casting ? Des écoutes à l’aveugle qui conduiront à des battles en live, le samedi 16 avril. Un seul gagnant tirera alors son épingle du jeu. Pour le vainqueur, c’est l’occasion d’une résidence de trois jours au Silo, à Tigery (91) mais également l’enregistrement d’un album qui sera commercialisé à Leclerc, à Dammarie-lès-Lys et d’une première partie lors d’un grand concert en juin prochain, sur la scène de l’Espace Pierre-Bachelet.
Un niveau relevé
Mais, pas facile de se mettre au diapason, pour les membres du jury. Le niveau est relevé. Entre deux morceaux pour lesquels le verdict est sans appel, soudain, la chair de poule. Les oreilles se tendent avec délectation. « Il chante en fa dièse, c’est rare », s’illumine Dominique Marc, le maire-adjoint chargé de la culture à Dammarie-lès-Lys.
C’est le coup de cœur pour ce saxophoniste professionnel depuis 40 ans : « Il y a beaucoup de musicalité ».
Un coup de foudre qui se renouvellera quelques minutes plus tard. De la sono, le volume a été poussé à fond, s’échappe une voix à la « cœur de pirate ». Emballement général.
« On cherche plus qu’une signature vocale. On cherche une émotion », explique Jonathan Glaros, le gérant du Live Factory. Du rock, au rap, en passant par la bossa-nova, le reggae ou le gospel, les morceaux s’enchaînent avec plus ou moins de succès.
Des artistes de Seine-et-Marne mais également de Paris, d’Evry, de Toulouse, de Nantes ou de Belgique ont postulé. Les profils également sont variés.
« Ça peut aller de la mère de famille qui se cache dans sa salle de bain pour chanter une reprise de la Reine des neiges à en donner des frissons, aux groupes déjà quasiment professionnels avec des arrangements musicaux propres, en passant par le flic qui rappe », raconte Pascal Peynet, responsable de l’espace culturel pour Leclerc, à Dammarie-lès-Lys.
« Deviens ce que tu es » : c’est le leitmotiv de ce tremplin musical. Rendez-vous le 16 avril pour une journée qui promet déjà d’être riche en émotion. « Certains groupes vont se révéler, c’est sûr », prédit Jonathan Glaros.
Vanessa RELOUZAT