Dommage collatéral. Les soubresauts de l’Établissement public médico-social (EPMS) de Fontenay-Trésigny, appelé “Fondation Hardy”, n’en finissent plus d’avoir des répercussions. Après la famille Bonnet-Alberti, bloquée dans l’achat de leur maison que l’EPMS avait mise en vente avant de faire machine arrière, c’est au tour des salariés, semble-t-il, de payer les pots cassés.
Une situation qui tire son origine depuis que l’Agence régionale de santé (ARS) d’Ile-de-France a mis son nez dans les comptes de cet établissement de santé. En effet, en mai 2012, des irrégularités avaient été constatées, conduisant, mardi 26 janvier 2016, à la mise en examen de Jacques Ducastel, l’ancien directeur soupçonné d’avoir détourné 454 000 euros. Du coup, en juin 2012, l’ARS avait bombardé un nouveau directeur, Gilles Bouverat, chargé de laver le linge de l’EPMS sali par ce scandale.
“Punitions et insultes”
« Le salarié de l’EPMS de Fontenay-Trésigny ne s’use que si l’on s’en sert mal », note Jean-Luc Teran, secrétaire général du syndicat départemental CFDT santé sociaux de Seine-et-Marne. Il dénonce « la pression exercée sur les salariés, spécialement les cadres, sommés de choisir un camp entre la nouvelle direction (qui représente l’ARS, ndlr) et le conseil d’administration (présidé par Daisy Luczak, conseillère départementale, qui a succédé à son binôme aux élections, Jean-Jacques Barbaux, ndlr). Et s’ils refusent de choisir, il y a des punitions allant jusqu’aux insultes ! » Et d’ajouter : « En fait, Gilles Bouverat et ses directeurs de pôles tiennent ceux qui étaient déjà dans la maison avant le scandale comme étant aussi responsables que l’ancien directeur, avec l’idée que tout le monde savait forcément ce qui se passait. »
Le responsable syndical assure que le problème s’accélère depuis près d’un an et que la CFDT a eu des contacts avec « une trentaine de personnes de l’EPMS ». « À ma connaissance, trois plaintes ont été déposées, et huit arrêts de travail enregistrés à cause de cette pression », ajoute-t-il.
“On est pris en otages !”
Justement, cette pression, Lisa* en témoigne. « Depuis l’élection du nouveau conseil d’administration, le personnel a été obligé de choisir son camp, alors que nous voulons juste garder notre neutralité, regrette-t-elle. Ça entraîne de l’agressivité, des propos menaçants et des intimidations de la part de la direction. On est pris en otages, c’est invivable ! C’est difficile de faire son travail dans ses conditions. J’ai moi-même déposé une main courante. La médecine du travail est au courant. Si ça reste en l’état, il faudra que je parte pour préserver ma santé. On veut seulement travailler pour le bien de tous less résidents de l’EPMS. » Contacté, Gilles Bouverat, « ne souhaite pas faire de commentaire. »
Pierre CHOISNET
* Le prénom a été changé