8 heures : rassemblement de la garde de jour composée de 9 sapeurs-pompiers, par le sous-officier de garde. Aujourd’hui, c’est le sergent-chef François Cassar qui distribue les tâches. 8 h 05 : la première action de la journée est de vérifier les véhicules et le matériel.
Sylvia 34 ans, Alexandre 20 ans et Florentin 18 ans, sont candidats pour devenir sapeurs-pompiers volontaires. Ils sont là pour une journée d’immersion, avant leur entretien de motivation avec le chef de centre, pour être engagé en tant que sapeur-pompier volontaire.
Lors de la vérification du matériel, les pompiers leur présentent les différents véhicules du centre de Nangis (lire encadré).
Intervention à l’école de Fontenailles
8 h 36 : « On décale » ! C’est le vocabulaire ” pompier ” pour annoncer le départ en intervention. Une équipe est bipée pour un secours à personne à l’école de Fontenailles. (Les trois aspirants ne sont pas autorisés à partir en intervention, mais pour les besoins du reportage, La Rep a pu suivre deux secours à personnes)
« Le ticket de départ est envoyé par Melun. Nous avons l’adresse, le motif, le véhicule à engager, et le logiciel désigne automatiquement les sapeurs appellés à partir. Un équipage est constitué d’un conducteur, d’un chef d’agrès et d’un équipier » explique l’adjudant-chef Jean-Marc Mézières, chef adjoint du CIS de Nangis qui sera notre guide durant l’intervention.
8 h 40 : L’équipage est sur place. Une fillette de 11 ans s’est blessée au genou. Les pompiers prennent tous les renseignements sur l’accident, la fiche de santé de l’enfant renseignée à l’école. Un bilan secouriste est effectué et le chef d’agrès appelle le médecin du SAMU, qui informé, décide le transport vers l’hôpital de Provins. Rien de grave, mais l’enfant doit passer des examens. « Nous établissons un bilan de premiers secours et nous appelons systématiquement le médecin du SAMU. C’est lui qui décide en fonction de ce qu’on lui décrit, de l’envoi d’une équipe médicale (SMUR) sur place ou d’un transfert direct vers l’hôpital le plus proche », explique l’adjudant-chef Mézières.
Épreuves sportives
9 heures : Retour au centre. Les collègues ont attendu pour le footing matinal. D’habitude, c’est 45 minutes, mais en journée d’immersion ce sera 25 minutes. Les sapeurs-pompiers de garde ont chaque matin une séance de sports. Les plannings sportifs sont établis par des sapeurs de la filière sportive dont un à une formation de prof de sports dans le civil.
9 h 30 : Pour Sylvia, Alexandre et Florentin c’est l’heure des tests sportifs qui détermineront leur aptitude à intégrer la formation de sapeur-pompier : 10 pompes, 5 tractions, une épreuve de souplesse, 25 abdos, et un test lombaire.
10 h 20 : fin des tests. Les deux garçons sont sportifs et s’en tirent très bien, et Sylvia qui a entamé une remise en forme depuis un mois, depuis qu’elle a décidé de candidater, s’en sort aussi tout à fait honorablement. « Sportivement, ils sont tous les trois aptes», déclare l’adjudant Brispot.
Manœuvre d’entraînement
10 h 30 : Nouveau rassemblement par le sous-officier de garde, qui assigne les effectifs à la manœuvre : un conducteur, un chef d’agrès et deux binômes.
10 h 40 : Manœuvre. Tous les jours, les sapeurs de garde effectuent au moins une manœuvre. Il s’agit d’un exercice sur un scénario d’intervention, de manière à répéter régulièrement les gestes pour être opérationnels.
Aujourd’hui : incendie dans une cuisine au 1er étage et une victime inconsciente sur la terrasse. Deux binômes sont engagés avec le fourgon pompe tonne (FPT). Deux sapeurs vont prendre en charge la victime pour l’évacuer et deux autres s’équipent de appareils respiratoires isolants, pour intervenir sur l’incendie dans la cuisine.
11 h 30 : Fin de la manœuvre, l’adjudant Brispot termine de débriefer l’exercice aux trois aspirants.
Intervention à la Mare aux Curées
12 heures : deuxième intervention pour le CIS de Nangis. Un nouvel équipage part à la Mare aux Curées : un sujet, 83 ans a du mal à respirer. Confrontation avec l’interphone, on a le nom, on sonne, ce sont les aides à domicile qui sont avec leur patiente qui nous ouvre. « Sinon, on sonne chez un voisin, les pompiers n’ont pas de mal à se faire ouvrir les portes… » constate l’adjudant-chef Mézières. 4e étage sans ascenseur : ce détail aura tout son sens 1 heure plus tard…
La dame âgée est alitée dans un lit médicalisé dans son salon. Ce sont ses deux aides à domicile qui ont appelé les secours : « L’infirmière du matin a laissé un mot disant que la dame réagissait peu, et nous avons constaté qu’elle avait du mal à respirer. » Pendant que les pompiers effectuent les gestes de premiers secours et installent un masque à oxygène sur le visage de la victime, les deux femmes téléphonent à l’infirmière pour donner le plus de renseignements possible aux pompiers.
Appel au SAMU : le médecin décide d’envoyer une équipe médicale (SMUR). Temps d’attente : 30 minutes. Les pompiers expliquent à la dame âgée qu’elle risque d’être transférée à l’hôpital pour des examens. Il faut la rassurer.
13 heures : Arrivée de l’équipe du SMUR qui décide du transport vers l’hôpital qui sera pris en charge par le VSAV des pompiers. Tout le monde s’y met pour « coquiller » la victime : « il s’agit de la transférer dans un matelas à microbilles qui prend la forme du corps et l’enveloppe, comme une coquille. Cela permet d’immobiliser le corps pour le manipuler en causant le moins de douleurs possible », détaille d’adjudant-chef, d’autant qu’il faut descendre la victime dans sa coquille par les escaliers (voir photo).
14 heures : L’équipage du VSAV est de retour de l’hôpital et peut prendre sa pause déjeuner.
Motivation des candidats
L’après-midi de la journée d’immersion est consacrée à la présentation des services et à la visite du centre, pour les trois candidats. Sylvia, 34 ans est maman d’un ado de 12 ans et d’un petit de 3 ans. « J’ai lu il y a un mois dans le magazine municipal de ma commune (Pecy) que les pompiers cherchaient des volontaires. J’avais envie de m’engager pour sortir de ma bulle familiale et aider des gens, je ne savais pas trop comment, l’article a été un déclic. »
Pour Alexandre, 20 ans, sportif, c’était un rêve d’enfant. « Je remettais toujours à plus tard. Là je viens d’achever un contrat de travail, je me suis dit que c’était le bon moment. » Quant au cadet des trois, Florentin, 18 ans, lycéen en classe de terminale, c’est « l’envie d’aider les gens et la passion de ce métier qui lui a été racontée par des amis de la famille », qui l’ont poussé à s’engager.
Après avoir fait le tour des services avec l’adjudant Christophe Brispot, responsable des volontaires, Sylvia, Alexandre et Florentin achèvent leur journée par un entretien individuel avec le chef de centre. « L’adjudant Brispot les a trouvé très intéressés par le métier. Ils sont très volontaires, le cursus d’engagement est en cours», conclut le lieutenant Vescovi.
Un parcours de formations étalées sur en moyenne une année attend les trois nouvelles recrues, avant qu’elles ne soient opérationnelles pour partir en interventions.
Reportage texte et photos par Marie-Lise Cans.