Avec la séance publique de conseil départemental dédiée vendredi aux orientations budgétaires, c’était en fait répétition générale de l’empoignade attendue le 18 février pour le vote du budget proprement dit. Même si la nouvelle majorité de droite et si dominante qu’elle n’a rien à craindre de ses deux groupes d’opposition. « Escroquerie intellectuelle », « mémoire sélective » « mesures velléitaires » « retour au clientélisme » commenta l’ancien président PS Vincent Eblé, dans une déclaration écoutée patiemment et sans surprise par son successeur Jean-Jacques Barbaux (LR). On nota que le chef de file de l’opposition parvint dans le même propos à reprocher à la droite de ne pas avoir choisi d’augmenter les impôts dans les années 1990 en préférant alors endetter le Département, tout en critiquant aujourd’hui la hausse d’impôt annoncée pour 2016.
Hausse d’impôt
Et c’est bien là l’un point notoire de ces orientations. L’audit financier qui vient d’être communiqué a mis en évidence, en l’absence de réaction, la disparition attendue pour 2017 de l’épargne nette indispensable à l’équilibre du budget. Dans un contexte d’endettement élevé, de baisse continue des dotations de l’Etat, de hausse constante des dépenses sociales obligatoires, et d’impossibilité légale (au contraire de l’Etat) d’emprunter pour couvrir des dépenses de fonctionnement, reste donc deux voies : les économies et la hausse de fiscalité. La nouvelle majorité a choisi les deux. Le seul impôt que peut faire varier le Département, la part départementale de la taxe sur le foncier bâti (payée par les propriétaires, particuliers ou entreprises) devrait voir son taux passer de 15,70 % à 18 %, soit une hausse du taux de 15 %. Le produit supplémentaire attendu de 41 millions étant inférieur aux baisses de dotation de l’Etat de 55 millions mesurées de 2014 à 2016, a fait remarquer Jean-François Parigi, vice-président chargé des finances.
Coupes budgétaires
S’y ajouteront 17,6 millions d’économies par la suppression de « certains dispositifs inopérants et de réorientation de politiques publiques » : modification des aides aux transports scolaires, suppression du Bébébonus, baisses de certaines subventions culturelles et sportives, suppression de bourses scolaires. Des coupes budgétaires qui font bondir l’opposition, dont il faudra sans doute attendre le débat budgétaire pour entendre des propositions.
Pour la majorité, priorité va être donnée, tout en réduisant le recours à l’emprunt, à la relance de l’investissement avec 170 millions de crédits de paiement, et notamment pour le réseau routier et une nouvelle formule d’aide aux communes et intercommunalités. « Nous n’allons pas abandonner l’action sociale, mais la réorganiser, a souligné le président Barbaux, rester dans l’immobilisme budgétaire ambiant aurait été le pire des choix ».
Didier BARRY