Lundi 21 décembre, 14 h. H – 4 avant l’arrivée des spectateurs au Théâtre-Sénart, à Lieusaint. En coulisse, on s’active dans une joyeuse décontraction. Les techniciens donnent un dernier coup de vis au décor, changent les ampoules défaillantes, règlent la luminosité des spots et calent la bande-son.
Sur scène, les 17 artistes s’échauffent, se contorsionnent avec la même dextérité qu’un élastique, accordent guitare et autres instruments traditionnels du Vietnam. Tandis que d’autres bavardent dans un coin, rafistolent les paniers en osier ou se laissent distraire par une partie de foot improvisée avec une bande de plastique roulée en boule, indifférents aux allers et venues du staff technique. Le show va bientôt commencer. En attendant, ultimes répétitions pour « A O Làng Phô », un spectacle de cirque contemporain. Dans la troupe, pas de clown, pas d’éléphants ni de tigres en cage, mais des acrobates-jongleurs-équilibristes-danseurs-chanteurs. Et pour l’heure, il s’agit de dompter les lieux.
Notoriété en Asie
Cela fait deux jours que l’équipe du Théâtre-Sénart est à l’œuvre.
« À la base le plateau est nu, il faut l’équiper en lumière et en son, à partir de la fiche technique du directeur artistique. À chaque fois, on part de zéro, explique Frédéric Smith, régisseur son intermittent, entre deux câblages. Chaque spectacle a ses exigences propres. Dans “A O Làng Phô” , il s’agit de jouer sur des effets lumineux essentiellement. »
Réputée au Vietnam, la troupe joue son spectacle depuis deux ans en Asie. La tournée européenne a démarré cet été. À chaque changement de salle, les artistes doivent se réadapter aux dimensions de la scène. « Ca y est, ça y est », répète un des acrobates, dans un français approximatif, la mine réjouie. Les tableaux peuvent s’enchaîner, dans l’anodin silence d’une salle de théâtre, pour l’heure archi-vide.
Paniers et bambous : symboles scénographiques
Des chorégraphies à la fois drôles et teintées de poésie mettent en scène paniers en osier et tiges de bambous. Des éléments scénographiques qui serviront de base pour la création de différents agrès dans des fresques acrobatiques qui évoquent la mutation de la société rurale à l’effervescence de la vie citadine. Entre deux tableaux, on modifie les placements, on peaufine les détails, sous les yeux intransigeants de John Carroll, le directeur technique.
« Jouer du cirque en salle est plus difficile, remarque-t-il. Les chapiteaux sont faits pour ça. Pour les numéros aériens, les accroches sont plus compliquées au théâtre. Cela demande de l’ajout de matériels ».
Alors, John Carroll veille à ce que tout soit parfait pour la grande première à Sénart.
Sur scène, la bande-son est partie trop tôt. Deuxième tentative. Nouvel échec. Hilarité générale. Il faudra aussi penser à revoir les fonds de lumière afin qu’ils se calent au millimètre près dans le décor. Salut final. Applaudissements timides des artistes. Quelques heures plus tard, nul doute que les acclamations seront fracassantes.
Vous les avez manqués au Théâtre-Sénart ? « A O Làng Phô » sera de retour en région parisienne. Séance de rattrapage du 29 mars au 17 avril, au théâtre de la Villette, à Paris !