Dans les résonances des derniers coups de perceuses et dans des odeurs de peinture fraîche, des salariés qui s’affairent aux derniers préparatifs. Il faut dire que les 4 pages dans Libé ce matin de mercredi 28 octobre, consacrées à l’ouverture du Théâtre-Sénart, participent allégrement à l’effervescence générale qui se diffuse dans les nouveaux locaux du Carré Sénart. Le 6 novembre, la Compagnie Yoann Bourgeois viendra inaugurer ce nouvel espace culturel avec son spectacle d’arts de la piste « Celui qui tombe ». Dernière ligne droite donc pour Jean-Michel Puiffe, le directeur, qui propose, pour cette première saison, une programmation des plus galvanisantes.
La République de Seine-et-Marne : Comment se sent-on à une semaine de l’ouverture du Théâtre-Sénart ?
Jean-Michel Puiffe : C’était mon rêve. J’ai la chance d’ouvrir un théâtre qui dispose de tous les outils techniques à la pointe. C’est très émouvant. La semaine dernière, les musiciens de l’orchestre Les Siècles (qui sera en résidence pendant trois saisons, ndlr) sont venus faire des essais de son. J’étais obnubilé par le violon, un instrument de faible intensité. Mais quand la musicienne a entamé une suite de Bach, avec ce seul instrument qui a fait écho dans la salle, j’en ai eu la chair de poule. Pendant une heure, les ouvriers qui étaient dans l’obligation d’arrêter les travaux, sont venus voir les répétitions. C’était magique de les voir assis là. Ils ont pu voir concrètement pourquoi ils travaillaient.
Comment choisit-on une programmation culturelle ?
Il a fallu faire au plus juste à la fois pour profiter des performances bâtiment et répondre aux attentes du public le plus large. Nous avons d’abord rêvé une programmation. Et puis, il y a la réalité : des artistes pas libres, des spectacles qui ne tournent plus. Il y a aussi les bonnes surprises, les opportunités qui arrivent un peu par hasard et des rêves qui se concrétisent, comme le soliste de l’Opéra de Paris. Et puis, il y a aussi beaucoup d’histoires humaines. Des rencontres chaleureuses avec des artistes qui sont déjà venus et avec qui le feeling était bien passé. Bref, une programmation culturelle, c’est une histoire de conviction et de passion. On s’est fait plaisir pour cette première saison. Certains artistes qui n’ont pas pu se libérer seront néanmoins présents pour la saison 2.
Le point fort de la Rotonde et de la Coupole était de proposer des spectacles intimistes.
Et cela pourra toujours être le cas avec le Théâtre-Sénart qui se compose de deux salles. Une grande salle de type frontale avec gradins. Et une « black box », plus petite et modulable, qui permet la programmation de spectacles plus intimes. L’intérêt d’ouvrir ce théâtre est de pouvoir accueillir davantage d’artistes, dans de meilleures conditions techniques et acoustiques. Tous les spectacles qui nécessitent une hauteur de plafond et un espace au sol étaient interdits de programmation à la Coupole et à la Rotonde. Et puis, nous pouvons nous permettre de recevoir des spectacles à un coût plus élevé, rentabilisé grâce au nombre de places (843 places assises pour la grande salle et 384 pour la petite, ndlr).
Vous êtes-vous concertés avec les territoires alentours (Evry et Melun) ?
Nous nous concertions déjà avec l’Empreinte et l’Espace Prévert, à Savigny-le-Temple mais également avec les salles de Ris-Orangis et d’Evry, afin de proposer une complémentarité dans l’offre culturelle. Nous n’avons jamais pris le temps de nous coordonner avec Melun dont la programmation est essentiellement gérée par un producteur privé. En tant que Scène Nationale, nous avons un mode de fonctionnement différent. Notre richesse, c’est d’avoir, sur un même bassin territorial, à la fois de l’opéra, du théâtre, de la danse, du rock, des humoristes, etc. Que les spectateurs se rendent à Sénart, à Evry ou ailleurs, l’essentiel, c’est de faire sortir les gens !