« C’est une véritable catastrophe. Personne n’a rien vu venir », regrette Moubarek Abdellah, le président du RAMS (Rassemblement des Associations Musulmanes de Sénart). Trois familles de Sénart qui ne souhaitent pas dévoiler leur identité vivraient aujourd’hui le drame de leur enfant parti en Syrie. L’un d’eux serait d’ailleurs décédé.
« C’est un phénomène encore tabou mais qui touche toutes les catégories sociales, toutes les nationalités et toutes les obédiences », poursuit Moubarek Abdellah.
Processus d’enrôlement
Face à ce fléau qui s’étend notamment sur Sénart, l’association Généractions 77 rassemblait Nabil Ennasri, écrivain et doctorant spécialiste du Moyen-Orient, Noureddine Aoussat, imam et universitaire.
Mais également, Mourad Benchellali, un ancien détenu de Guantanamo et un repenti d’al-Qaïda, enrôlé dans un camps d’entraînement en Afghanistan.
Après 30 mois dans la prison cubaine, ce dernier tente de dissuader les jeunes de s’engager en Syrie.
« Le sujet de la radicalisation est sensible, rappelle Mehdi Guenini, le président de Générations 77. Les jeunes peuvent être attirés par un processus de communication efficace sur les réseaux sociaux. »
Abdelhakim Arichi, l’imam de Savigny-le-Temple en a d’ailleurs lui-même fait les frais.
Dans la salle du cinéma Jacques-Prévert, celui-ci fait résonner une voix menaçante. « Ramène tes fesses ici (sic), on va t’égorger ». Tel est le message de mort qu’un jeune de la commune a enregistré sur son répondeur, après trois jours de tentative d’enrôlement dans la spirale de Daesh. Si l’imam ne s’est pas laissé intimidé, sa famille a été profondément choquée. « Vidéos chocs, messages culpabilisants : même nos ministres sont bien en deçà de la capacité communicationnelle de Daesh », analyse Noureddine Aoussat.
Les livres comme arme de destruction massive ?
Alors, comment agir pour endiguer toute forme de radicalisation ? Après un exposé sur les origines de l’État Islamique, Nabil Ennasri a souligné l’importance de la transmission du savoir. « Une cause qui n’est pas connue est une cause perdue, a-t-il résumé. La meilleure manière de montrer à une personne qu’elle est dans l’erreur, c’est de lui apporter des arguments. L’islam porte un message humaniste. Il faut lire afin de faire émerger les avis de grands savants et faire germer le doute dans les esprits des jeunes qui seraient tentés par un départ en Syrie. «
En janvier dernier, le gouvernement a mis en place une plate-forme pour prévenir la radicalisation, www.stop-djihadisme.gouv.fr, avec un numéro vert : 0 800 00 56 96.