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Taxis clandestins : les chauffeurs officiels au bord de la crise de nerfs

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Impuissants. C’est le sentiment général qui règne chez les chauffeurs de taxi melunais face à la prolifération des taxis clandestins. En effet, attirés par l’argent facile, de plus en plus de particuliers, sans licence, utilisent leur propre véhicule pour transporter des passagers. Une activité illégale et difficile à repérer. « Ils nous piquent les clients sous notre nez sans que nous ne puissions rien faire », s’insurge un chauffeur indépendant. Menaces, insultes, intimidations, ce dernier confie ne pas avoir l’esprit tranquille au volant de sa voiture.

« C’est le monde à l’envers, c’est nous qui nous faisons chasser ! La nuit, on est en effectif réduit. Alors, lorsqu’on se retrouve seul face à trois ou quatre clandestins à faire le guet, on risque de se faire attraper dans une rue. »

C’est d’ailleurs ce qu’il s’était produit, il y a deux ans, quand un « officiel » s’était fait rouer de coups, à Vaux-le-Pénil, après une altercation avec un « clando ».

Difficile à éradiquer

Depuis, la situation ne s’est pas arrangée. Elle se serait même empirée d’après le responsable du syndicat des artisans du taxi de Melun. « Aujourd’hui, on compte 16 taxis clandestins réguliers à la gare de Melun et 22 officiels », explique-t-il.

Et de décrire une organisation bien huilée :

« Ils attendent sous les abris de bus ou à la terrasse du café qui fait l’angle pendant que des rabatteurs repèrent et cueillent de potentiels clients à la sortie du train ».

Il faut dire qu’en ces temps de crise, l’activité peut se révéler très lucrative. Certains empocheraient plus de 2600 euros par mois. Une manne exempte d’impôt donc, puisque sous-marine, qui attire toutes les convoitises.

Alors, pour mettre un terme à ces activités clandestines, le syndicat des artisans du taxi de Melun a alerté toutes les instances possibles de la préfecture au ministère. « Malheureusement, rien ne bouge, déplore le responsable. Les services de police sont au courant et font ce qu’ils peuvent. » Mais le phénomène est difficile à éradiquer. « La moitié de leurs clients les joignent par téléphone. » Pour lui, la solution ne peut donc qu’être judiciaire.

« La justice ? Même pas peur ! »

« Le problème, c’est la clémence des juges, analyse-t-il. Les clandestins risquent jusqu’à 15 000 euros d’amende et une peine d’emprisonnement d’un an ferme. Nous nous sommes porté partie civile dans plusieurs procès. À chaque fois, le prévenu écopait de 400 euros d’amende. Résultat, pour les clandestins, la justice, c’est même pas peur ! »

Pour autant, pour Emilio*, 31 ans de taxi indépendant, les yeux cernés, pas question de changer de profession. « J’adore mon boulot, explique-t-il. On rencontre beaucoup de personnes intéressantes. Mais c’est un métier usant et stressant. »

Quand il s’est lancé dans le business du transport, Emilio était heureux de pouvoir jouir de cette théorique liberté d’être son propre patron. Un luxe qu’il paye aujourd’hui au prix fort. Car, afin de faire vivre sa famille, celui-ci est acculé par des journées trop longues.

« Pour gagner le Smic, je travaille entre 12 à 14 heures par jour sur 6 jours, raconte-t-il. Sur douze heures de présence, je ne conduis que 6 heures en moyenne. »

Le chauffeur fait les comptes : « Sur une course de 26 euros, après avoir décompté l’essence, l’assurance professionnelle qui coûte la bagatelle de 4000 euros par an, et l’usure de la voiture, il reste 15 euros. Sur ces 15 euros, l’État nous prélève 47 % de charges sociales. Il nous reste donc environ 7,50 euros ! » Des arguments qui pourraient laisser penser que le phénomène des faux-taxis n’est pas prêt de s’arrêter !


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