38, square Beaumarchais, mercredi dernier. Un homme descend péniblement les escaliers de l’immeuble pour se rendre à un rendez-vous médical. Il n’a pas d’autre choix que de descendre de la sorte, l’ascenseur étant en panne depuis début juin en raison d’actes de malveillance à répétition. Une situation insoutenable pour plusieurs locataires à mobilité réduite qui ne pointent le nez dehors qu’à de rares occasions. Mais ce jour-là l’homme en question est obligé de sortir. Il souffre d’un cancer du pancréas et doit suivre un traitement.
Le balcon pour seule sortie
Certaines personnes sont même contraintes de rester enfermer chez elles depuis deux mois et demi. C’est notamment le cas d’une femme âgée de 75 ans, la chaise roulante soigneusement rangée dans la chambre. Elle n’en a plus besoin depuis que l’ascenseur est hors de service. Sa carte d’invalidité atteste de son handicap à au moins 80 % en raison de problèmes cardiaques et à la jambe. « Elle ne sort plus que sur le balcon. Je ne peux pas la descendre », assure son fils. Et de s’interroger : « Je fais comment sil y a le feu ? »
La détresse de cette habitante est palpable et se propage dans l’immeuble. Une autre femme vit une situation semblable. « Je ne sors plus de chez moi depuis deux mois, avoue-t-elle. Je sors seulement pour aller chez le médecin où à la banque. Et encore, je ne devrais pas à cause de mes problèmes cardiaques. Je pourrais faire une attaque dans les escaliers. » Du coup, elle a décidé de faire appel à un avocat très rapidement après la panne. Sur les conseils de ce dernier elle pourrait d’ailleurs porter plainte civilement une fois l’ascenseur réparé. Il faut dire qu’elle craint pour son intégrité physique, mais pas seulement. « Je n’ai personne pour m’aider, je n’ai plus rien à manger », dit-elle les larmes aux yeux.
Une fausse couche ?
Ce n’est pas tout. Une locataire du fameux 38 nous affirme avoir fait une fausse couche, le 21 juillet dernier, à force de monter et descendre les étages. Ce qui n’a fait qu’empirer ses problèmes de tension. « J’ai trois enfants, ils sont grands mais je ne peux pas leur demander d’aller chercher de l’eau car même eux me disent qu’ils sont fatigués », dit-elle. Enfin, un homme nous alerte sur le fait que non seulement il n’y a plus d’ascenseur, mais qu’en plus les services de transport sont terminés lorsqu’il rentre du travail, ce qui l’oblige à marcher de la Ville Basse à Surville.
En somme, ces habitants se sentent lésés par la communication de Confluence Habitat et estiment que les actes de vandalisme ne sont pas de leurs responsabilités. « Ce ne sont pas les habitants qui doivent être punis », soupire l’un des locataires. Et ce n’est pas faute d’avoir signalé le problème. Bien qu’aucune pétition n’ait été lancée, un groupe composé de douze résidents s’est rendu au bureau de l’office public, en juillet. Plusieurs personnes ont aussi effectué des démarches personnelles mais avec pour seules réponses des fins de non-recevoir. « Dans les années 1970 c’était parfait. Maintenant ils (Confluence Habitat, ndlr) nous envoient balader dès qu’on demande quelque chose pour les personnes âgées », lance un habitant.
Jocelyne Castellain veut « faire au plus vite »
Les charges liées à l’ascenseur et au ménage continueraient aussi d’être payées, soit un montant mensuel d’environ 50 euros, et ce alors que la personne d’entretien ne vient plus depuis plusieurs jours faute d’ascenseur. Jocelyne Castellain nous a toutefois indiqué qu’une forme de compensation pourra éventuellement être étudiée.
La présidente de Confluence Habitat nous assure qu’elle n’était pas au courant de l’affaire. Elle a immédiatement contacté ses services après avoir été mise au courant de l’affaire par nos soins. L’élue municipale s’est dit « préoccupée » par ce problème. « J’ai l’habitude, dès qu’un problème m’est signalé, de me rendre sur place pour voir de moi-même. » Coïncidence, Otis (entreprise spécialisée dans la fabrication d’ascenseurs) est passé peu avant pour évaluer les dégâts. Une première avancée après deux mois de panne.
Jocelyne Castellain a cependant demandé à son équipe de contacter Otis pour « faire au plus vite ». Si plusieurs pièces nécessitent une intervention, elle concède que « ce n’est pas normal. C’est compliqué car l’entreprise qui fournit les pièces à Otis est fermée en août. » Mais les habitants ne veulent qu’une chose : « Faire en sorte que l’ascenseur marche le plus vite possible ».
Thomas BARON