Un orgue de Clicquot du 18e caché dans son église conventuelle, une chapelle primitive double construite sur deux étages où l’on ne visite que sa partie haute, au cœur du Château, trois lieux de cultes et encore beaucoup de mystères…
Le palais de Fontainebleau n’est pas qu’une succession de salons opulents et autres galeries somptueuses. La Cours du roi ne se nourrit pas que de banquets et fêtes en tous genre, il lui faut des mets plus spirituels. Rappelons que les rois sont sacrés par un évêque. L’Eglise se situe donc au-dessus d’eux, d’où sa puissance et l’importante place qu’elle occupe dans la vie du royaume. Il existe ainsi trois chapelles dans l’enceinte du château. Ce sont des lieux de cultes discrets très prisés par les visiteurs qui la plupart du temps restent sans voix lorsqu’ils les découvrent. Deux d’entre eux ont d’ailleurs servis de décor pour le clip « Born to die » de Lana Del Rey, sorti en décembre 2011. L’un deux possède même un orgue « très rare et précieux du 18e ».
L’orgue de Louis XVI
La première pièce sur votre gauche en entrant par le célèbre escalier en fer-à-cheval de la cours des Adieux est la Chapelle de la Trinité. Une ancienne église conventuelle reconstruite sous le règne de François 1e et Henri II avec son exceptionnel décor qui préfigure le style baroque. Caché dans une niche du balcon de gauche au 1e étage : l’orgue de Clicquot construit en 1772 pour la tribune des musiciens du roi. « C’est un petit orgue qui n’est pas fait pour être vu mais entendu. Il a donc été installé près de l’autel, là où se trouvent les musiciens, dans une partie cachée », explique Vincent Droguet, Conservateur en chef du patrimoine. Et si par habitude, l’orgue trône magistralement sur une tribune faisant face à l’autel, ici, au fond de la nef, protocole oblige, c’est la place du roi, pas de l’orgue !
La chapelle cachée…
La Chapelle royale du château, accessible aux visiteurs par la grande salle de bal n’est que la partie émergée d’un véritable joyau architectural souhaité par François 1er. Nous sommes en 1528, le roi de retour d’Italie entreprend d’abattre le château vieux pour édifier un palais à sa mesure. Sur les fondations de l’église primitive consacrée par Thomas Becket en 1169, il fait édifier la Chapelle haute et basse Saint-Saturnin, sur deux niveaux superposés (la partie haute devant se trouver au même niveau que la chambre du roi). Si la première est ouverte au public et dévoile des décors admirables conçus par Philippe Delorme, la seconde, « en dehors du circuit de visite est beaucoup plus difficile d’accès », avoue le Conservateur. Un petit escalier, un couloir étroit ouvrant sur plusieurs portes, derrière l’une d’entre elles : un spectacle qui laisse sans voix. Nous sommes entrés dans la chapelle basse Saint-Saturnin, une pièce brodée d’or. Il y fait sombre, mais la lumière colorée renvoyée par les grands vitraux de Sèvres dessinés par la princesse Marie, fille de Louis-Philippe, se veut rassurante. On s’y sent bien, l’atmosphère est propice au recueillement. Pour certaines occasions, cette chapelle fait parfois l’objet d’une visite particulière ou accueille divers ateliers. Soyez à l’affût…