Au cours d’une audience qui a duré plusieurs heures, les deux prévenus ont nié leur implication. « J’étais pas là, j’étais en Normandie pour travailler », a prétendu Kamel O., 19 ans. « C’est pas moi, a affirmé de son côté Vincent A., 18 ans. Les agresseurs étaient cagoulés, il y a donc un petit problème… »
Mais à la barre, l’une des victimes a expliqué qu’elle avait formellement reconnu ses agresseurs à la carrure, la couleur de peau et le regard.
Guets-apens
Les faits ont été commis à quatre reprises dans le quartier de Surville. Le 14 mars, un client qui voulait acquérir une moto pour 700 €, avait rendez-vous vers le chemin de fer, à un endroit dépourvu de caméras de surveillance. Sur place, il avait été gazé à la bombe lacrymogène puis dépouillé de son téléphone portable et de son argent.
Le 29 avril, ce sont deux frères originaires de l’Aube qui étaient à leur tour attirés dans le piège, square Beaumarchais, pour une prétendue vente de moto. Emmenés dans le souterrain, ils se faisaient dérober l’enveloppe contenant les espèces prévues pour l’achat.
Le 30 juin, deux hommes venus pour acheter un quad s’étaient retrouvés face à un individu muni d’un masque de massacre à la tronçonneuse, qui leur avait brisé une vitre de voiture.
L’agression la plus violente date du 4 juin. Deux hommes originaires des Yvelines, venus acheter un quad avec 5 000 € en espèces, avaient été encerclés par une douzaine d’individus armés. L’un d’eux avait été frappé avec un marteau à la tête et avait eu l’oreille partiellement arrachée. Bilan médical : des points de suture au crâne et 10 jours d’incapacité totale de travail.
Jugements
” Les coups ont été extrêmement violents au motif de se procurer de l’argent, a souligné la procureure, qui a requis 9 mois de prison ferme pour les deux prévenus. La répétition de ce type d’agressions, montant en crescendo, avait inquiété les enquêteurs et on aurait pu finir par se retrouver avec un mort “.
Rappelons que les policiers de Montereau, conscients de la dangerosité des malfaiteurs, avaient interpellé 13 suspects à Surville le 23 juin dernier, à l’issue d’une enquête ciblant les téléphones et les ordinateurs.
Mais à l’audience, les avocats de la défense ont plaidé la relaxe. ” On ne peut pas condamner quelqu’un qui était cagoulé, simplement pour sa carrure “, a déclaré une avocate. ” Aucune adresse IP ne relie mon client à quoi que ce soit “, a ajouté son confrère.
Le tribunal a finalement relaxé Vincent A., en raison de l’absence de confrontation avec les victimes. Pour sa part, Kamel O. n’a bénéficié de la relaxe que pour les violents faits du 4 juin, au bénéfice du doute. Il a été condamné pour le reste à 18 mois de prison ferme avec maintien en détention et obligation d’indemniser les victimes.
A.G.B.