Le ramadan, 9e mois du calendrier lunaire hégirien qui rappelle celui durant lequel le Coran a été révélé au prophète Mahomet selon la tradition musulmane, vient donc tout juste de débuter. Jusqu’au 17 juillet et l’Aïd el-Fitr (la « fête de la rupture du jeûne »), tout musulman pubère devra s’abstenir de manger, boire, fumer et d’avoir des relations sexuelles – des dispenses appelant compensations existent dans certains cas – bien avant l’aube jusqu’au crépuscule, soit entre 3 h 50 et 22 h, le tout rythmé de prières à des horaires bien distincts.
« Mon corps s’est finalement habitué »
Pour son deuxième ramadan, Raphaël Perez Torreblanca Guardio est on ne peut plus serein. Il faut dire que ce jeune Cessonnais de 21 ans, fraîchement converti à l’islam, avait plutôt bien vécu sa première. « L’an passé, les trois ou quatre premiers jours de jeûne ont été difficiles physiquement, mais mon corps s’est finalement habitué tout seul, raconte-t-il. A l’époque, je travaillais dans une pizzeria. Ce n’était pas évident avec la chaleur des fours qui ne faisait qu’accentuer l’envie de s’hydrater. Voir défiler autant de pizzas sans pouvoir en croquer une n’était pas facile non plus ! (Rires). Mais mes collègues, qui étaient tous musulmans, étaient très motivés pour m’aider à maintenir le cap. Et comme j’étais déterminé à prouver ma foi, j’ai pu conclure mon premier ramadan sans problème. Certains sont mieux préparés que d’autres en jeûnant déjà à raison de deux fois par semaine le reste de l’année. D’autres peuvent connaître beaucoup plus de difficultés lorsqu’ils doivent se priver d’une addiction comme le café ou la cigarette. Mais globalement, cela se passe très bien pour la grande majorité des jeûneurs. »
Pour Raphaël, désormais employé de blanchisserie, le jeûne du ramadan, le plus long depuis une trentaine d’années avec des journées d’abstinences de plus de 18 heures pour 2015, n’est pas vraiment un obstacle. « Le ramadan, c’est une introspection spirituelle, résume le jeune homme. Pendant un mois, on se retrouve avec soi-même, face à ses limites physiques et mentales. On lutte en paix pour tenir le jeûne et du coup, on apprécie davantage les choses qui nous semblent normales, comme la valeur d’un verre d’eau par exemple. On se sent même parfois mieux après le ramadan, qui peut apporter des bienfaits au niveau de la santé.
« Partage »
Le ramadan, c’est également un « partage » avec l’autre selon Raphaël : « Lorsque l’on rompt le jeûne, c’est toute la générosité de l’être humain qui s’exprime. On mange ensemble entre jeûneurs, les plus aisés comme les plus démunis, un bon repas dans la convivialité et la fraternité, chez soi, chez l’autre ou bien à la mosquée, qui joue un rôle social d’importance dans ces moments-là. Il y a une vraie richesse culturelle puisque l’on rencontre toutes les autres communautés musulmanes, celles d’Algérie, de Tunisie, du Mali, du Sénégal du Pakistan et bien d’autres encore. L’année dernière, comme j’étais le petit nouveau, j’étais invité par tout le monde, c’était vraiment sympa ! C’est une sorte de trêve du quotidien. Ça fait ressortir le bon côté des personnes. C’est aussi souffrir pour mieux ressentir la souffrance des autres. Se dire qu’avec simplement de la volonté, on peut déplacer des montagnes. Et cela permet de combattre l’excès et de rapprocher davantage notre âme du Coran et de notre religion, l’islam. »
Et quand vient l’heure du réconfort après l’effort, Raphaël a ses petites préférences : « Vers 22 h, lorsque je casse le jeûne, je prends en général deux ou trois dattes accompagnées d’un verre d’eau ou de lait. Ce n’est pas bon de se goinfrer, il vaut mieux calmer la faim sans couper l’appétit afin de prendre soin de son corps et d’être paré pour le dîner. Ce que j’aime le plus ? La chorba, la soupe traditionnelle du Maghreb. »