« Nous courrons vers le démantèlement de l’hôpital public. » Même en distribuant des tracts, Stéphanie Faury, membre de la CGT du CH de Nemours, est remontée. Cela fait des années qu’elle et son syndicat tentent d’alerter le personnel et la population sur « la dégradation de l’offre de santé » qui serait subie par le centre hospitalier nemourien, mais aussi bellifontain et monterelais. « Avec le projet de loi santé de la ministre Marisol Touraine, qui nécessite de faire trois milliards d’euros d’économies dans le cadre du pacte de responsabilité, nous allons tout droit vers le concept d’hôpital sans lit, qui consiste à supprimer les lits d’hospitalisation complète pour les remplacer par des lits d’hôpital de jour ou d’hospitalisation à domicile comme c’est le cas à Montereau, explique l’infirmière. Parallèlement, ce projet de loi va accélère le processus de regroupement des hôpitaux de Fontainebleau, Montereau et Nemours, qui n’en formeront qu’un avant fin 2017. Cela va entraîner la suppression des services doublons. À Nemours, nous sommes inquiets concernant notre long séjour en gériatrie, pourtant pôle d’excellence tout comme notre service psychiatrie, dont l’agrandissement est remis en cause. On ne sait pas non plus ce que va devenir notre laboratoire notre radiologie, qui pourrait ne plus fonctionner le soir et les week-ends. Depuis 1995, notre hôpital a perdu sa maternité, notre chirurgie et bloc opératoires, notre service réanimation. C’est un vrai château de cartes qui s’effondre sans fin. »
Stéphanie Faury qualifie également d’« ultra-précaires » les conditions de travail des membres du personnel : « En diminuant les lits, on diminue forcément les postes hospitaliers. Il y a 28 % d’agents contractuels, et une augmentation de la précarité avec la multiplication de contrats de un à deux jours. Les conditions pour exercer ne sont pas bonnes et cela impacte sur la qualité de soins. Il y a beaucoup d’accidents de travail, d’arrêts maladie, et de démotivation générale. En tout, il faudrait embaucher 70 agents pour avoir un fonctionnement optimal. »
Benoît Fraslin veut « un hôpital explicité »
Dans un courrier daté du 20 mai à l’adresse des personnels médicaux et non médicaux des centres hospitaliers de Fontainebleau, Montereau et Nemours, Benoît Fraslin, directeur des trois hôpitaux, a désigné, à mots à peine couverts, « les lignes directrices » sur l’avenir de ces derniers : « Il faudra s’unir pour se renforcer, donner un sens à un collectif de travail élargi, porter des projets plus ambitieux, mutualiser certaines activités et compétences et former un « hôpital » du Sud Seine-et-Marne à partir des compétences et de l’histoire des trois établissements de santé. » Et de délivrer le cap pour l’établissement nemourien : « Un hôpital explicité à Nemours disposant d’activités harmonieusement réparties dans trois bâtiments hospitaliers : un bâtiment orienté vers les activités médicales et le plateau technique, un bâtiment exclusivement consacré aux activités de suite et de réadaptation et un bâtiment exclusivement orienté vers les activités de psychiatrie. »
« Un non-sens complet »
Des orientations qui inquiètent fortement Alain Couturier, représentant de l’union syndicale des retraités à la CGT, présent ce 28 mai pour distrbuer des tracts et faire signer une pétition de soutien lancée il y a quelques mois (quelques centaines de signatures à ce jour) : « Les retraités sont parmi les usagers les plus grands utilisateurs du système de santé, et ce projet de fusion des hôpitaux du Sud Seine-et-Marne et les restructurations qui s’opèrent sont vraiment préoccupants. Nous ne savons plus à quel endroit nous pourrons être soignés, ni à quel endroit il faudra se rendre pour éviter le dépassement d’honoraires, alors que nos retraites tendent à baisser. Récemment, une amie s’est rendue un soir à l’hôpital de Montereau pour une opération aux urgences. Le service était fermé la nuit, elle a donc été emmenée à Melun, à une demi-heure de trajet. Que ce serait-il passé si son pronostic vital avait été engagé ? C’est un non-sens complet. »
Pour se faire davantage entendre, un grand débat public à l’initiative des organisations syndicales de retraités se déroulera à Melun, vendredi 5 juin de 9 h à 12 h à l’espace Saint Jean, tandis que les fédérations Santé et Action sociale CGT-FO-SUD organiseront une grande grève et manifestation nationale jeudi 25 juin devant le ministère de la Santé à Paris.